DELETE - VERDICTS



Delete s’annonce comme l’un des récits les plus longs que j’ai écrits. Alors, j’ai décidé de le scinder en deux parties.

Naturellement, il est indispensable d’avoir lu Delete - Préliminaire pour comprendre :




Delete
Verdicts




delete : effacer, rayer,
biffer, supprimer.





La salle d’audience se remplissait peu à peu.

Rachel et Marty avaient déjà pris place à la table de la défense. Ils attendaient l’arrivée de Dylan.

Mais ce fut le Substitut du Procureur qui entra, accompagné d’un assistant qui portait l’imposant dossier de l’accusation.

Avant de s’approcher du greffier et de la sténotypiste, il fit un petit signe de tête en direction de Marty et Rachel.

Sur ses lèvres planait un léger sourire de commisération. Ce qui eut pour effet de mettre Marty en rage.

- Bon sang !! Il est en train de se foutre de nous !!! grinça-t-il entre ses dents. Il doit penser que c’est du tout cuit pour lui et que ce dossier va booster sa carrière !!! Il se voit déjà à la Cour Suprême ou Ministre de la Justice !!!

- Calme-toi Marty... Il n’a pas encore gagné...

- Mouais... J’en suis moins sûr que toi... J’espère que tu as vraiment trouvé quelque chose pour sauver ta “petite protégée” parce qu’il ne faudra pas trop compter sur moi... Au fait, merci de ne m’avoir rien dit de ta “fabuleuse” idée. La confiance règne...

- Je suis désolée Marty... Mais, pour que ça marche, il me faut le secret total. Je n’ai rien dit non plus à Dylan... Et pourtant, elle est la première concernée...

- Elle te fait vraiment une confiance aveugle...

- Elle sait qu’elle n’a pas le choix...

- Il n’y a pas que ça... J’ai bien vu qu’elle ne dansait pas de joie quand j’ai repris son dossier. Je ne suis pas son genre de beauté... Tu lui inspires plus que de la confiance... J’en mettrais ma main au feu...

- Marty !! Ne recommence pas !! Dylan est une cliente... Rien de moins. Mais rien de plus...

- Tu n’as pas toujours dit ça !! Il y a quelques jours à peine tu me parlais de la confusion de tes sentiments...

- C’est fini Marty... J’ai mis de l’ordre dans tout ça...

- Bon. Bon. N’empêche, tu ne m’ôteras pas de l’idée... C’est vrai que Dylan est extrêmement séduisante... Mais je t’en prie Rachel... N’oublie pas qu’elle a déjà tué quatre femmes...

- Marty !! Arrête avec ça !! Tu es son avocat !! Alors tu pourrais au moins faire l’effort de croire en son innocence !! Et plus un mot sur le reste !! Je suis une grande fille !! Je n’ai pas besoin que tu me serves de chaperon !! Ou que tu défendes ma vertu !!

- Ok. Ok grincheuse... Excuse-moi si je me fais du souci pour toi !! Mais très bien, je ne te parlerai plus d’elle !! Seulement sur un plan professionnel... Comment ça s’est passé hier ? Votre dernier entretien avant le procès ?..

- Plutôt bien. Je l’ai coachée. Je lui ai dit comment elle devait se comporter devant le juge et le jury. Comment elle devait se maquiller et se coiffer. Pour qu’on oublie un peu la militaire et qu’on ne voit plus que la très jolie jeune femme. Je ne veux pas qu’elle ressemble à Demie Moore dans le film «À armes égales» !! Avec la boule à zéro !! Déjà que le Procureur va se faire une joie de la faire passer pour Terminator !! Je lui ai aussi apporté des vêtements...

- Un relooking complet quoi !!

- Tu sais très bien que ça fait aussi partie du boulot. Pour tenter de créer un élan de sympathie envers l’accusée.

- Il faudra plus qu’un peu de fond de teint pour faire oublier les quatre meurtres !!

- Je sais Marty. Quant à toi, si tu pouvais avoir l’air un peu plus enthousiaste, ça m’aiderait aussi...

- Ok. Ok Chef. Je vais lui sauter au cou dès qu’elle arrive !!

- Je ne t’en demande pas tant. Mais si tu pouvais faire semblant de croire à son innocence...

- J’ai pris des leçons de comédie... Alors, je devrais pouvoir y arriver...

- Merci Marty. Tu n’auras pas besoin d’en faire plus. Sauf me tendre les pièces du dossier quand j’en aurai besoin. Ou aller me chercher une tasse de café. Moi, je me charge de nous obtenir un bel acquittement pour booster NOS carrières !!!

- Je vais réciter un rosaire pour que tu y arrives !!! Tiens. Ça y est. La voilà. C’est parti...


*


Une porte latérale venait de s’ouvrir et Dylan apparut, menottée et escortée de deux policiers.

Elle eut une seconde d’hésitation. Elle cligna des yeux.

Elle regarda autour d’elle pendant que les policiers lui retiraient ses menottes.

Elle observa tour à tour le siège du Président qui dominait la salle, le box où prendraient place les douze jurés et les tables réservées à la défense et à l’accusation.

Elle avait imaginé une grande arène où elle aurait tenté de se battre contre les évidences avant de trépasser... Et, finalement, c’était dans cette petite salle, qui ne pouvait accueillir qu’une centaine de personnes, qu’allaient se jouer son avenir et finalement sa vie...

Rachel s’était levée pour s’avancer vers Dylan.

Les Policiers s’écartèrent afin de ne pas entendre leur conversation. Mais ils se tenaient non loin et maintenaient une stricte surveillance.

Rachel baissa la voix et murmura - Bonjour Dylan. Tout va bien ?

La prisonnière sourit en entendant son prénom - Bonjour Maître Peabody. J’aurais préféré passer ma journée au bord de la mer ou faire un pique-nique. Mais je n’ai pas le choix, je crois...

- Non. En effet. Mais je vous promets que le pique-nique, ce sera pour plus tard... En attendant, nous allons faire en sorte que cette journée vous soit aussi favorable que possible. Elle est consacrée à la sélection des jurés. Les choses sérieuses commenceront demain. Même si la composition du jury est essentielle, elle aussi.

- Combien de temps va durer mon procès ?

- Ce sera très court pour une affaire de meurtres en série. Parce qu’il n’y a pas de témoins. Uniquement les experts et les enquêteurs. L’accusation va tout miser sur le meurtre d’Helena DeXeres. Elle va tenter de démontrer que celle qui l’a tuée a forcément tué les trois autres victimes.  Et que vous êtes cette personne-là... Les débats vont tourner essentiellement autour d’Helena. C’est la partie forte du dossier de l’accusation...

- Parce que j’étais là...

- Oui. Parce que vous étiez là... En principe, votre procès ne devrait pas durer plus d’une semaine. Mais ce sera beaucoup plus court si tout se passe comme je l’ai prévu.

- C’est une sorte de quitte ou double ? N’est-ce pas ? Je quitte la prison ou j’y reste ma vie durant...

- Oui Dylan. C’est à peu près ça... Mais vous pouvez encore renoncer si vous le voulez... Et plaider coupable... Même après que le jury se sera retiré pour délibérer. Vous pourrez encore passer un deal avec le Procureur. Mais dès que le jury reviendra dans la salle d’audience pour rendre sa décision, ce sera fini...

- Je ne plaiderai jamais coupable, Maître Peabody. Jamais.

Rachel enferma les mains de Dylan dans les siennes. Elle voulait lui transmettre son énergie. - Très bien. Alors, on va se battre Dylan... Je vais me battre.

- Je vous fais confiance, Maître Peabody... Totalement confiance...

- Merci Dylan. Il est temps de venir vous asseoir à la table réservée à la défense. Entre Maître Shaw et moi.

Elles s’approchèrent de la table.

Marty grimaça un sourire à l’attention de Dylan et lui jeta - Quelle élégance Madame Hederson !! Tailleur en lin sur un chemisier. On pourrait prendre cette audience pour un défilé de mode !!

- C’est à Maître Peabody que je dois ces vêtements... Sans elle, j’aurais encore sur le dos ceux que je portais quand la Police m’a arrêtée...

- Oui... Il me semblait bien reconnaitre la signature de son couturier italien préféré... C’est une vraie chance d’avoir pour avocate une femme qui a si bon goût et qui est si... généreuse.

Mais Marty n’insista pas car il venait de croiser le regard lourd de menaces de Rachel.


*


Le trio s’était tu.

Marty n’était là que pour faire de la figuration.

Rachel consultait la liste des citoyens new yorkais convoqués au Palais de Justice pour composer le jury.

Dylan respectait le silence de l’une et de l’autre. Mais mille pensées occupaient son esprit. Ainsi c’était arrivé !! Il y a quelques semaines, je n’aurais jamais cru que cela puisse arriver...

Elle n’avait jamais vraiment eu d’espoir. Elle avait conscience que tout jouait contre elle. Le meurtre d’Helena. Son passé. Ses défauts et même ses qualités. Tout ce qu’elle avait appris, tout ce qu’elle était, tout ce qu’elle avait vécu étaient autant de preuves accablantes contre elle. Sa vie entière signait sa défaite et sa condamnation.

Comme elle avait regretté, cette minute d’honnêteté !! Quand elle avait appelé la Police pour la prévenir de la mort d’Helena DeXeres !! Elle aurait dû fuir en effaçant toute trace de son passage.

Au lieu de ça, elle était bêtement restée sur place !! Elle avait pensé qu’elle n’avait rien à craindre... Et c’est cette seconde d’honnêteté, c’est son passé militaire qui la condamnaient !! Quelle ironie cruelle !!

Bien sûr Maître Peabody était à ses côtés. Mais elle était bien la seule à y croire encore... Même Marty semblait convaincu de sa culpabilité. Son propre avocat en était persuadé !!

Rachel avait trouvé «quelque chose» qui pouvait l’innocenter !! Incroyable !! Si c’était vrai... Mais Rachel n’avait aucune raison de mentir. Si c’était vrai, cela tenait du miracle. Mais elle ne croyait pas aux miracles...

L’entrée du Président la tira de ses pensées.

Elle sentit que Rachel lui touchait le coude pour l’inviter à se lever.

La tragi-comédie de la Justice allait commencer.


*


Le Président prit place dans un fauteuil encadré par les drapeaux des États Unis et de la ville de New York.

Quand l’appel des citoyens convoqués pour constituer le jury fut terminé, il s’adressa au Substitut du Procureur. - Monsieur l’Avocat général, vous pouvez commencer...

- Merci Monsieur le Président... Puis se tournant vers les citoyens assis devant lui, Mesdames, Messieurs, Bonjour. Je m’appelle Harry Cover. Je suis Substitut du Procureur et j’occuperai les fonctions d’Avocat général lors du procès de Madame Dylan Hederson. Je vais vous poser des questions afin de déterminer votre capacité à être des jurés objectifs, équitables et impartiaux...

L’audition commença.

Dylan écoutait avec attention les réponses des candidats. Elle tentait de découvrir qui pouvait lui être favorable. Qui pouvait lui être résolument hostile.

Elle pensait que son sort dépendait de ces gens anonymes, ni meilleurs ni pires que les autres, que le hasard d’un tirage au sort avait conduits dans l’enceinte de ce tribunal. Pourtant ces hommes, ces femmes, dont elle ignorait tout, sauf le nom, tenaient sa vie entre leurs mains.


*


La sélection des douze jurés dura toute la journée.

Chaque citoyen était interrogé à tour de rôle par l’avocat général puis par Rachel.

Leurs opinions sur la Justice, sur la peine de mort, qui pourtant n’était plus appliquée à New York, sur l’homosexualité étaient analysées.

Rachel avait récusé plusieurs candidats qui repartaient déçus de n’avoir pas été choisis.

Dylan se rendait compte que Rachel ne se basait pas tant sur leurs opinions pour les sélectionner que sur leur intelligence, leur capacité à raisonner, leur indépendance d’esprit, leur esprit critique. Sur leurs scrupules. Sur leur amour respectueux de la Justice qu’ils ne confondaient pas avec une basse vengeance aveugle et sourde.

Elle les interrogeait avec gentillesse et patience. Attentive à leurs propos, à leurs opinions. Elle instaurait entre elle et eux, un climat de confiance et presque de camaraderie.

Dylan comprit ce qui faisait la force de la jeune avocate. Une force faite de séduction, elle était si belle qu’elle n’avait aucun mal à capter les regards, mais aussi d’attention aux autres et de compréhension.

Elle avait aussi cette chose si indispensable à tout bon avocat. Elle retenait l’attention de son public.

Pourtant, il n’y avait aucune emphase dans ses propos. Aucune théâtralité. On l’écoutait, on l’entendait. Et on la croyait. C’est pour cela qu’elle était si efficace. Si redoutablement efficace.

Dylan se prit à espérer.

Un peu. Car obtenir un acquittement lui paraissait une montagne si haute à gravir !!!

A la fin de la journée, douze hommes et femmes avaient pris place sur les bancs du jury.

Le Président décida de lever l’audience qui reprendrait le lendemain matin à 10 heures.

Après que les membres du jury se furent retirés, les Policiers s’approchèrent de Dylan et l’emmenèrent.

Elle n’eut que le temps d’échanger un sourire d’espoir avec Rachel.


*


Quand elle entra dans la salle pour le deuxième jour de son procès, Dylan fut surprise par l’atmosphère fiévreuse qui y régnait.

Elle était pleine de spectateurs, où se mêlaient journalistes et curieux. Il y régnait une sorte d’impatience palpable. Et aussi une curiosité malsaine. Elle vit que plusieurs personnes la prenaient en photo avec leur smartphone. On photographiait la bête curieuse. La tueuse en série.

Les Policiers la conduisirent vers la table de la défense où Rachel l’accueillit avec son joli sourire.

Mais Dylan ne pouvait pas empêcher son coeur de battre follement. Elle avait l’impression de revivre les pires moments qu’elle avait connus en Afghanistan ou en Irak. Elle avait l’impression que cette salle était comme un trou béant, insondable, où sa liberté et sa vie allaient s’engloutir.

Elle avait la nausée.

Elle avait peur.

D’autant que Marty crut bon d’ajouter - Ils sont venus observer la tueuse lesbienne. Même si les crimes ne sont pas sanglants, ils procurent ce délicieux frisson des meurtres en série. Mélange d’attirance et de répulsion pour le crime et pour... le criminel...

Mais Rachel excédée le fit taire. - C’est bon Marty. Inutile d’en rajouter... Epargne-nous tes commentaires sur la nature humaine ! Elle se pencha vers Dylan. Comment allez-vous, Dylan ? La nuit n’a pas été trop pénible ? Vous avez réussi à dormir ? Vous avez pu avaler quelque chose ce matin ?

De nouveau Dylan sourit en entendant son prénom dont Rachel usait à présent avec naturel. Elle répondit - J’ai eu du mal à m’endormir... Je n’arrêtais pas de penser aux membres du jury. Leurs visages défilaient devant mes yeux. Je me demandais lequel serait hostile, lequel serait bienveillant. Lequel était homophobe... Quant à manger... Non seulement la nourriture de la prison est infecte mais en plus elle ne serait pas passée. J’ai une boule à l’estomac... J’ai peur tout simplement.

- C’est une réaction normale, Dylan. Tellement normale.

- Je suis étonnée par tout ce monde... Hier, il n’y avait personne...

- Hier c’était la sélection des jurés. Ce n’est pas passionnant... Aujourd’hui, on va entendre le médecin légiste, le psychiatre et le policier... Alors les curieux accourent. D’autant qu’il y a eu un article sur l’affaire dans le New York Times...

- Mon Dieu... Marty avait raison quand il parlait d’attirance et de répulsion...

- Oui. Marty peut se montrer agaçant. Mais il a malheureusement raison... Ce genre d’affaires excite ce qu’il y a de moins bon en nous... Mais n’y pensez plus. Ne pensez pas à la foule qui nous entoure. Ne pensez qu’à rester vous même... Je me charge du reste... Tout va bien se passer... Tout va très bien se passer... D’accord ?

La voix douce, chaude et légèrement grave de Rachel la rassura. Ses frayeurs s’estompaient. Il lui sembla qu’il restait un espoir. Car Rachel semblait si forte. Si sûre. Alors elle répondit - D’accord Maître Peabody...

- Très bien. Je suis certaine que vous, moi et... Marty, on va faire du bon boulot...

- Sympa de penser à m’inclure dans le groupe !! bougonna Marty.

- Cesse de râler et cherche-moi plutôt les rapports du médecin légiste puisque l’audience va commencer par lui...

- Trop aimable... Avec toi, on se croirait à l’armée...

Mais ce fut Dylan qui répliqua en souriant. - Vous faites erreur Maître Shaw. Je peux vous assurer que si Maître Peabody avait été Général, je n’aurais jamais quitté l’Armée...

- Et bien moi je peux vous dire que si Rachel avait été Général, je me serais engagé dans l’Armée et plutôt deux fois qu’une !! répondit Marty.


*


- La Cour hurla le greffier, faisant taire immédiatement toutes les conversations.

Le Président vint s’asseoir devant un public respectueux et debout.

Il ordonna de faire entrer le jury puis quand celui-ci eut pris place dans le box qui lui était réservé, il s’adressa au Substitut - Monsieur l’Avocat général, vous avez la parole pour vos premiers constats...

- Merci, Monsieur le Président...

Il s’interrompit quelques secondes, semblant chercher l’inspiration, puis il se lança. - Le samedi 21 juillet dernier, à 10 heures et 27 minutes très exactement le standard central de la Police de New York reçut un appel téléphonique. La voix au bout du fil était calme, sans l’ombre de la plus petite émotion. Elle indiqua qu’une personne était décédée. Deux Policiers furent immédiatement envoyés sur place. Dans le quartier de Meatpacking district. Là ce fut Madame Dylan Hederson qui leur ouvrit la porte et les guida jusqu’au corps. Les Policiers découvrirent le cadavre encore chaud d’Helena DeXeres. En professionnels avertis, ils comprirent que la jeune femme avait succombé à un coup violent porté à la tempe droite. Comme trois autres jeunes femmes mortes dans les mêmes circonstances et le même quartier.

Il s’interrompit encore puis reprit d’une voix plus forte - Nous prouverons que Madame Dylan Hederson a tué Madame Helena DeXerès. Nous prouverons qu’elle a aussi tué les trois autres jeunes femmes dont elle a abandonné les corps sur les lieux du crime. Lieux qu’elle a fuis en effaçant toutes les traces de son passage. Nous prouverons que chacun de ces crimes a été longuement prémédité, préparé et froidement exécuté. Nous prouverons tout cela sans l’ombre d’un doute.

Il s’approcha de la table de la défense et, désignant Dylan du doigt, il reprit - Forts de ces certitudes incontestables, vous, membres du jury de l’État de New York, vous punirez la mort de ces quatre jeunes femmes. Et vous condamnerez Madame Hederson à la prison à vie, sans conditionnelle possible, pour chacun des quatre crimes qu’elle a commis... Merci...

Puis avec un geste mélodramatique, il revint s’assoir à la table de l’accusation où il prit un air las et dégoûté devant l’horreur des crimes commis.

Le silence s’était abattu sur la salle. On n’entendait plus le moindre murmure. Seul Marty grommela de façon à n’être entendu que de ses voisines - Quatre fois la perpétuité !! Au moins on sait à quoi s’en tenir !!

Dylan était accablée.

Bien sûr elle s’y attendait. Mais maintenant, la sanction devenait palpable...

Et la peur la submergea de nouveau.

Elle sentit que les barrières mentales qu’elle avait érigées pour lutter contre le désespoir étaient en train de céder...

Tout à coup, la main de Rachel se posa sur les siennes en un geste très doux. Apaisant.

Elle entendit la voix du Président - Maître Peabody... Vous avez la parole...

Rachel se leva à son tour - Merci, Monsieur le Président...

Et en la voyant ainsi, droite, forte, déterminée, prête à se battre jusqu’au bout, Dylan se mit à y croire encore.


*


Rachel s’approcha du box des jurés et resta face à eux.

Pendant toute la durée de son exposé liminaire, elle s’adressa à chacun d’entre eux, les regardant l’un après l’autre droit dans les yeux.

Chaque juré avait l’impression qu’elle n’était là que pour lui. Que c’était son avis qui lui importait. Lui qu’elle devait convaincre.

Sa voix s’éleva, ferme mais assourdie par l’émotion. Elle était comme un instrument de musique dont Rachel jouait avec brio - Quatre fois la perpétuité... Quatre fois !! On vous demande d’enfermer une jeune femme de vingt-huit ans dans quatre épaisseurs de murs et de jeter la clef... De la laisser là, sa vie durant et de l’oublier... Quelle décision !! Quel choix !! Mais c’est un choix raisonnable si Dylan Hederson a tué... C’est une décision compréhensible si Dylan Hederson a, de sang froid et à main nue, tué quatre fois. Si Dylan Hederson a pris quatre vies... Mais l’a-t-elle fait ? Pour prendre une telle décision, pour endosser une telle responsabilité, il faut plus que des certitudes. Pour jeter Dylan Hederson en prison jusqu’à la fin de ses jours, il faut des preuves irréfutables... Monsieur l’Avocat général a des certitudes. Mais il n’a pas de preuve !! Monsieur l’avocat général n’a aucune preuve. Il n’a pas de témoin. Pas le plus petit indice. Pour Monsieur l’avocat général, Dylan Hederson est coupable parce qu’elle était présente lors de la mort de la dernière victime. Et cela lui suffit. Il espère que cela vous suffira !! Et bien cela ne vous suffira pas !! La défense établira que l’accusation ne repose que sur des hypothèses. Et que des hypothèses ne font pas une culpabilité. Que ces hypothèses ne sont pas la vérité. La vérité c’est que Dylan Hederson n’a pas tué. Dylan Hederson n’a tué aucune de ces quatre jeunes femmes. Nous vous le démontrerons. Nous vous le prouverons... Et alors, convaincus de cette vérité, vous prononcerez l’acquittement de Dylan Hederson...

Elle les remercia de leur écoute d’un sourire, Puis sans plus prononcer un seul mot, elle vint se rasseoir à côté de Dylan.


*


Le médecin légiste avait pris place dans le siège des témoins.

Près de lui, on avait installé un grand téléviseur à écran plat sur lequel défilaient les photos prises sur les différentes scènes de crimes.

Une télécommande à la main, il répondait aux questions de l’avocat général tout en commentant les clichés exposés à la vue de tous.

Les quatre jeunes femmes, la joue contre le sol ou allongées sur le dos, semblaient dormir. Mais c’était un sommeil de mort.

- Docteur, vous avez procédé à l’examen des corps des quatre victimes... À quel type de blessure ont-elles succombé ?

- Dans les quatre cas, il s’agit d’un traumatisme crânien avec hématome extra-dural. Ce que nous appelons un HED. C’est la complication majeure de la traumatologie crânienne. L’urgence absolue.

- Quels en sont les mécanismes ?

- L’HED correspond à une fracture de la voûte du crâne coupant une artère. Celle-ci va saigner en décollant progressivement la dure-mère, c’est à dire  le dernier feuillet externe enveloppant les méninges. L’hématome se forme et s’étend rapidement, augmentant la pression à l’intérieur du crâne. Le cerveau finit par être comprimé par l’accumulation de sang En l’absence d’intervention chirurgicale d’urgence, il conduit à la mort.

- Je vous remercie pour ce remarquable cours de vulgarisation, Docteur. En résumé, la fracture du crâne coupe un vaisseau sanguin qui va se mettre à saigner abondamment, et comprimant le cerveau, va entraîner la mort de la victime... C’est bien cela ?

- C’est tout à fait cela...

- Toutes les victimes ont été touchées à la tempe. L’emplacement du coup a-t-il une influence quelconque ?

- Bien sûr. La voûte crânienne qui correspond à la région temporale, est mince et fragile. A cet endroit du crâne, il existe de nombreux vaisseaux sanguins, notamment la veine méningée moyenne.

- Je vois. Cette partie du crâne est-elle suffisamment fragile pour se briser sur un simple coup de poing ?

- Certainement...

- Il faut sans doute une très grande force physique ??

- Par nécessairement. Un coup de poing bien porté peut suffire... Dans certains sports de combat on apprend à donner ce genre de coups.

- C’est le cas du close combat, je crois... Cette forme de combat que l’on apprend à l’armée...

- En effet.

- Donc, une femme, ancien militaire, qui aurait appris le close combat, peut avoir porté les coups dont sont mortes les quatre victimes ?

- Tout à fait. D’autant plus, si comme l’accusée, elle est en parfaite forme physique et plutôt athlétique...

- Merci Docteur, je n’ai plus de question à vous poser. Le témoin est à vous, Maître Peabody !!


*


Dylan avait suivi le dialogue avec une passion et un désespoir qu’elle n’osait pas montrer.

Chaque réponse du médecin était comme un tour de clef supplémentaire sur la porte de sa prison. Elle pensa que jamais Rachel ne pourrait surmonter un tel handicap. D’autant que, naturellement, Marty crut bon grommeler entre ses dents - Ah la vache... On est mal là...

La jeune avocate se leva et s’approcha de l’expert.

Arrivée près de lui, elle lui décocha son plus joli sourire.

Elle devait mettre tous les atouts de son côté car les précédentes déclarations de l’expert enterraient Dylan. Vivante. Alors, s’il fallait lui faire un peu de charme pour qu’il soit moins catégorique, elle ne devait pas hésiter !!

La voix de Rachel s’éleva de nouveau - Bonjour Docteur. Remarquable exposé en effet...

- Merci Maître...

- Vous avez indiqué que la voûte crânienne, qui correspond à la région temporale, est mince et fragile...

- Ce sont bien mes mots. A la virgule près...

- Et qu’un simple coup de poing bien porté peut suffire à la briser...

- En effet...

- Docteur, vous avez un très grande expérience professionnelle... Ce genre de traumatisme peut-il être provoqué par autre chose qu’un coup de poing ?

- Naturellement Maître... De multiples choses peuvent provoquer cette fracture...

Le médecin semblait hypnotisé par le sourire de Rachel. Charmé, il continua ses explications sans qu’elle ait besoin de l’encourager -  Un accident de la circulation, un objet contondant, une chute dans les escaliers peuvent provoquer les mêmes dégâts... Quand j’étais étudiant, j’ai même vu un joueur de golf mourir d’un hématome extra-dural après avoir reçu une balle en pleine tempe...

- Une belle de golf ??? C’est à dire une petite balle de quatre centimètres de diamètre ??

- Mais oui... La balle avait été frappée très violemment avec le club de golf... Alors évidemment quand elle a touché la tempe...

- Je comprends... Docteur, pouvez-vous affirmer, sans aucune marge d’erreur possible, que les quatre victimes ont été frappées à coups de poing ?

- Non, je ne peux pas l’affirmer à cent pour cent... Ce n’est pas possible... Je ne peux pas être précis à ce point...

- Il y a donc une possibilité pour que le meurtrier ait utilisé une arme ou un projectile ?

- En effet. Compte tenu de la nature des plaies, c’est tout à fait possible...

- Merci Docteur. Je n’ai plus de question à vous poser...

Rachel repris sa place auprès de Dylan et de Marty.

Ce dernier se pencha vers elle et chuchota - Chapeau, ma vieille ! Tu as retourné ce vieux crabe en beauté !! Mais on n’est pas beaucoup plus avancé...

- On a fait un bond de géant, au contraire...


*


L’expert psychiatre avait succédé au médecin légiste dans le box des témoins.

A force de questions orientées, l’avocat général avait réussi à lui faire dessiner un portrait de l’assassin. Et cet assassin ressemblait à Dylan.

Elle souffrait de se voir ainsi analysée en public. Son enfance, ses amours, ses désirs, ses espoirs, sa vie. Mais elle n’y pouvait rien.

Elle avait l’impression d’être mise à nu.

Et cette description était si éloignée de ce qu’elle était !! Comment cet homme, qui ne la connaissait pas, pouvait-il dire de telles choses ?? Comment pouvait-il la décrire en tueuse psychopathe ?

Rachel commença le contre-interrogatoire. - Docteur, vous considérez les crimes qui nous occupent comme le fait d’un tueur en série ?

- Oui, Maître Peabody. Absolument. C’est bien un tueur en série qui a tué les quatre victimes... Pour le psychiatre que je suis, ça ne fait aucun doute... Et, pour moi, Dylan Hederson et ce tueur en série sont une seule et même personne...

- Pourtant vous avez affirmé il y a quelques minutes que les tueurs en série ne connaissent pas leurs victimes avant de les choisir. Or Dylan Hederson connaissait Helena DeXeres depuis plusieurs mois...

- C’est l’exception qui confirme la règle...

- Vous avez aussi affirmé que la plupart des tueurs en série a subi des violences ou des agressions sexuelles durant l'enfance. Dylan Hederson a eu une enfance parfaitement heureuse, exempte de tout traumatisme de cet ordre... Encore une exception Docteur ?

- L’existence d’un traumatisme dans l’enfance n’est pas systématique...

- Vous avez aussi indiqué que les tueurs en série ont toujours le même comportement au moment de tuer. Or ici, nous avons un tueur qui ne laisse aucun indice lors des trois premiers crimes mais qui appelle la Police lors du quatrième. Curieux non ? Encore une exception, je présume...

- Et bien... Naturellement... Cela fait beaucoup d’exceptions... Mais je suis certain que l’on peut trouver une explication logique à ce comportement paradoxal... répondit le psychiatre avec un air gêné...

- Et bien, ce sera pour une autre fois Docteur. Vos  explications me suffisent...

Dylan ne peut s’empêcher de sourire discrètement devant la mine effarée du psychiatre.

En le ridiculisant, Rachel l’avait vengée.

Marty jubilait. - Bravo Rachel. C’est au tour de qui maintenant ?

- C’est au tour du lieutenant Tibbs...

- Aïe. Ça va être drôlement plus coton qu’avec les deux autres ballots !!


*


Le Policier apparut. Grand, athlétique, élégant.

Il paraissait parfaitement à l’aise. Il avait tellement l’habitude des prétoires !! Presque autant que des rues de New York !!

Il était sûr de lui. Sûr de la solidité de son enquête.

Dylan savait que c’était son plus redoutable adversaire.

Pendant tout le temps qu’avait duré sa garde à vue, jamais Tibbs n’avait montré le plus petit signe de fébrilité ou d’impatience alors qu’il avait quatre meurtres à élucider. C’était sa force.

Il avait toujours été d’une politesse extrême avec elle. Pas de brimades pour l’humilier. Pas de menaces pour la déstabiliser. Pas de hurlements parce qu’elle refusait d’avouer.

Mais il avait des certitudes qu’il saurait faire partager aux jurés. C’est pour ça qu’il était infiniment plus redoutable que l’avocat général...

Naturellement, Marty partageait le pessimisme de Dylan. - Bon sang, avec lui on est cuits !! Il va mettre le jury dans sa poche en deux coups de cuillère à pot !! Ils vont le suivre les yeux fermés...

Mais Rachel répondit - C’est justement sur ça que je compte !! Tibbs est intelligent et honnête ! Si j’arrive à le déstabiliser, si j’arrive à le faire douter, c’est gagné !! Les jurés vont immédiatement partager ses doutes...

- Comment vas-tu réussir ce miracle ?? Pour lui la culpabilité de Dylan est gravée dans le marbre !!

- J’ai tendu mon piège... Il va y tomber...

- Quel piège ?? répondit Marty complètement déboussolé.

Rachel ne répondit pas. Mais elle se pencha vers Dylan - Vous me faites toujours confiance ?

- Toujours, Maître Peabody. Je m’en remets complètement à vous...

- Très bien. Alors on continue.


*


Pendant qu’ils chuchotaient entre eux, Tibbs avait prêté serment sur la Bible et pris place dans le box des témoins. A présent, assis, détendu, il attendait les questions de l’avocat général.

- Lieutenant Tibbs. Vous avez été chargé de l’enquête dès le premier meurtre. Celui de Dana...

- En effet, Monsieur.

- Puis on vous a chargé de celui de Beth. Puis de celui de Kim. Et, enfin, de celui d’Helena. Il se commet, hélas, beaucoup de meurtres à New York. Alors pourquoi seulement ces quatre-là ?

- Le premier c’est un hasard. J’étais de permanence au commissariat quand on nous a signalé la découverte du premier corps. Ensuite... il était évident que le deuxième meurtre était de la même main.  Puis les deux suivants... Du même tueur en série. Le mode opératoire est exactement le même dans les quatre cas. Les victimes sont frappées à la tempe et abandonnées sur les lieux du crime où elles vont mourir en quelques minutes d’une hémorragie cérébrale...

- Vous êtes convaincu que ce tueur en série est Madame Dylan Hederson ?

- Oui Monsieur. Sans l’ombre d’un doute !! Même si elle ne cesse pas de clamer son innocence... D’ailleurs, nous l’avons arrêtée à côté du corps de sa dernière victime...

- Comment a-t-elle expliqué sa présence lors de la mort de Madame Helena DeXeres ?

- Elle a prétendu qu’elle se trouvait dans une autre pièce.  Qu’elle dormait dans leur chambre...

- Comment en êtes-vous venu à la soupçonner ?

- Et bien, au départ, nous n’avions rien qui  puisse rattacher Madame Hederson aux trois premiers meurtres. Mais comme tous les tueurs en série, elle s’est crue dans la toute-puissance. Elle était persuadée qu’elle pourrait manipuler la Police. Je pense aussi que les trois premiers meurtres lui ont paru trop faciles. Presque fades. Elle a voulu pimenter son jeu en créant un face-à-face avec nous. Elle était persuadée que nous n’oserions pas la soupçonner à cause de son passé de militaire courageux. Et qu’elle pourrait jouer avec nous au jeu du chat et de la souris...

- Alors, après avoir frappé Helena DeXeres, elle a appelé la Police...

- Oui Monsieur. Le Policier qui a réceptionné son appel nous a dit avoir entendu une voix froide, presque désincarnée... C’est aussi ce que j’ai ressenti en la voyant pour la première fois. Et un sentiment de danger. Dylan Hederson a les moyens et le tempérament pour tuer. Elle connaît les gestes qui tuent. Elle n’a pas froid aux yeux. Elle est toujours parfaitement maîtresse d’elle-même. Pendant les deux jours qu’a duré sa garde à vue, elle n’a jamais flanché. Dès que je l’ai vue, indifférente, près du corps d’Helena, j’ai eu la conviction que c’était elle. Depuis, je n’ai jamais changé d’avis...

- Avez-vous d’autres éléments de preuve que vos convictions, Lieutenant Tibbs ?

- Bien sûr. Le soir des meurtres, Dylan Hederson et les trois premières victimes étaient en même temps au Lady Marlène. C’est une boîte lesbienne sur Hudson street. Et elle n’a aucun alibi... Elle prétend être rentrée chez elle, seule, après avoir quitté ce dancing. En fait, elle a suivi les victimes chez elles où elle les a tuées... Madame Hederson connaît le close combat. Elle peut tuer d’un seul coup de poing. Et elle l’a fait. Quatre fois...

- Merci Lieutenant Tibbs. Le témoin est à vous, Maître Peabody !!


*


Pendant tout le temps de la déposition de Tibbs, Dylan avait jeté des petits coups d’oeil vers les jurés. Ils étaient si attentifs !

Tibbs n’était pas seulement crédible. Il était sympathique !!

Rachel s’approcha de lui. Le combat le plus rude de la journée commença.

- Lieutenant Tibbs, vous avez enquêté sur la vie des quatre victimes. On a écrit dans la presse qu’elles étaient toutes lesbiennes. Est-ce exact ?

- Non. Seules Dana et Helena l’étaient exclusivement. Kim était hétérosexuelle. Et Beth était bisexuelle.

- Les victimes n’ont donc pas été choisies à cause de leur homosexualité...

- Je l’ignore...

- J’aimerais que l’on revienne au début de cette série de crimes.  Vous venez de dire, je vous cite, «au départ, nous n’avions rien qui puisse rattacher Madame Hederson aux trois premiers meurtres»...

- C’est exact...

- Je suis étonnée... Un meurtrier, même le plus soigneux, le plus prudent, laisse toujours des traces sur les lieux de ses crimes. Empreintes, poussières, fils de vêtement, boue de ses chaussures, sueur, larmes, petites peaux mortes, poils, cheveux... Avez-vous trouvé ce genre d’indices qui vous permettent d’affirmer que Madame Hederson est entrée dans le domicile des trois premières victimes ?

- Non. Nous n’avons rien trouvé de tel... Mais ça ne prouve rien... Elle a pu les effacer...

- Comment ? En passant l’aspirateur ? En lavant l’appartement des victimes à l’eau de Javel ??

Le public se mit à rire.

Mais Tibbs ne se laissa pas décontenancer - Non, Maître Peabody. En faisant en sorte de ne laisser aucune trace. Foulard pour empêcher les cheveux de tomber. Gants pour éviter les empreintes. Vêtement couvrants pour éviter de laisser poils ou petites peaux mortes. Je doute que votre cliente ait eu peur au point de transpirer. Je ne crois pas qu’elle ait pleuré en voyant ses victimes mortes. Et ensuite, elle a pu détruire vêtements et chaussures en les brûlant...

- Je constate que l’absence totale de traces de ma cliente sur les lieux des trois premiers crimes ne vous gêne pas Lieutenant Tibbs. Ce serait même pour vous une preuve supplémentaire. A ce compte-là, tous les habitants de New York qui n’ont pas d’alibi sont suspects eux aussi !!!

Le public se mit de nouveau à rire. Dylan vit même des sourires sur les lèvres de certains jurés. Rachel avait fait mouche. Son coeur se mit à battre de nouveau.

Vexé, Tibbs perdit son calme - Votre cliente était présente lors de la mort d’Helena DeXeres !!

- Oui. Elle était là. Mais cela ne veut pas dire qu’elle l’a tuée !! Il y avait des centaines de personnes autour du Président Kennedy quand il a été abattu à Dallas. Mais une seule personne a tiré !! Revenons à votre enquête, Lieutenant Tibbs. Donc, avant le meurtre d’Helena DeXeres, vous n’aviez rien qui vous permette de soupçonner Madame Hederson ? Aucun indice...

De mauvaise grâce, Tibbs répondit - Non. Aucun indice.

- Si Madame Hederson ne vous avait pas appelés pour vous signaler la mort d’Helena DeXeres, vous ne l’auriez jamais soupçonnée ?

- Non. En effet... Mais je vous ai dit pourquoi elle l’avait fait...

- Vous n’êtes pas psychiatre, Lieutenant Tibbs !! Et les motivations que vous attribuez à ma cliente ne sont pas une preuve de sa culpabilité !!

Tibbs ne répondit pas. Il savait que Rachel avait raison. Il préféra continuer à souffrir en silence.

La jeune avocate s’approcha de la table de la défense et fit un signe de la main à Marty qui lui tendit une liasse de feuilles agrafées ensemble.


*


Rachel se tourna de nouveau vers le policier.

- Lieutenant Tibbs. Voici ce que vos services appellent la pièce numéro 65. Il s’agit d’une expertise balistique effectuée sur les scènes de crime. Vous la reconnaissez ?

Elle lui tendit les feuilles. Tibbs les consulta rapidement avant de les lui rendre.

- Oui Maître Peabody. Je la reconnais.

- Pouvez-vous nous dire pourquoi vous avez fait faire cette expertise balistique ?

- Et bien... Comme toutes les victimes ont été retrouvées à l’extérieur, couchées sur un balcon ou sur une terrasse, nous avons pensé à un tueur posté sur un toit qui les aurait frappées à distance...

- Un tueur posté sur un toit. Un tueur qui ne serait pas entré dans le domicile des victimes.

- En effet, Maître Peabody...

- Comment a procédé l’expert en balistique ?

- Et bien... à partir de la position des corps au sol, il a reconstitué la position des victimes quand elles étaient debout et il a calculé les angles de tirs possibles...

Tibbs s’interrompit.

Rachel l’invita à poursuivre ses explications - Et ???... Nous vous écoutons, Lieutenant Tibbs...

- D’après les calculs de l’expert en balistique, le tireur se serait posté sur la High Line !! Le métro suspendu transformé en voie piétonne !!! Au milieu des promeneurs !!! C’est complètement ridicule !!!

- C’est pour ça que vous n’avez pas suivi cette piste Lieutenant Tibbs ??? Parce que c’était «ridicule» ? Et parce que Madame Hederson faisait une coupable idéale ?? Malgré l’absence d’indices et de témoins ??

Tibbs ne répondit pas.

Rachel n’insista pas. - Votre silence est éloquent, Lieutenant. Puis elle se tourna vers le Président. - Je n’ai plus de questions à poser au Lieutenant Tibbs. Mais je souhaiterais qu’il reste ici. Je serai sans doute amenée à l’interroger de nouveau.

- Très bien Maître. J’ordonne au Lieutenant Tibbs de rester ici, à la disposition de la Cour. Vous avez d’autres témoins à entendre Monsieur l’Avocat général ?

- Non. L’accusation n’a plus de témoin Monsieur le Président...

- Très bien. Alors nous allons entendre ceux de la défense. À votre tour, Maître Peabody. Appelez votre premier témoin...

- Merci Monsieur le Président.


*


Dylan était tendue. Elle savait que c’était à son tour de passer sur le grill.

Rachel avait marqué des points. Elle l’avait compris en voyant l’attitude des jurés. Mais elle savait aussi que ça n’était pas suffisant. Car, sa présence lors de la mort d’Helena était un handicap terrible...

Elle avait peur. Si peur... Elle avait eu beau répéter et répéter encore les phrases qu’elle allait dire, sa vie allait se jouer sur quelques mots et sur sa façon de les dire.

Elle savait qu’elle devait rester maîtresse d’elle-même, mais elle avait peur de flancher et de paraître monstrueuse aux yeux des jurés.

Elle ne pouvait empêcher ses mains de trembler et son coeur de battre follement.

Rachel se tourna vers elle.

Dylan avait l’impression qu’elle allait défaillir. Elle entendit la voix de Rachel.

- J’appelle... Monsieur John Whitecloud à la barre des témoins !!

- Objection !! lança l’avocat général. Ce témoin ne figure pas sur la liste !! Maître Peabody l’a sorti de son chapeau... Je m’oppose à son audition !!

Rachel argumenta sans perdre son calme. - Monsieur le Président, la défense n’a disposé que de trois semaines pour se préparer. Nous avons démontré que la culpabilité de Madame Hederson n’est qu’une hypothèse. Je veux prouver qu’il existe une autre explication à cette série de meurtres. J’ai besoin de l’intervention de Monsieur Whitecloud...

Le Président réfléchit quelques secondes. - Très bien. Je suis curieux de voir ça. Vous aurez tout le temps de démolir cette hypothèse lors du contre-interrogatoire du témoin de la défense, Monsieur l’avocat général. Objection rejetée.

Dylan était sidérée et... soulagée. Ce n’était pas son tour. Pas encore.

Marty grommela à l’attention de Rachel - Monsieur John Whitecloud ?? C’est qui ça encore ??

- «Ça», comme tu dis, c’est mon coup de théâtre... «Ça», c’est l’innocence de Dylan.


*


L’homme qui entra dans la salle d’audience était impressionnant.

Il était grand et mince.

Il était âgé d’une soixantaine d’années. Pourtant, il avait des cheveux d’un noir profond. Son visage était bronzé et émacié.

Il déposa sur la table du Greffier la serviette en cuir qu’il portait à la main. Puis il s’approcha du box des témoins.

Il prêta serment, s’assit, et, calmement, attendit les questions de Rachel.

Marty ne put s’empêcher de murmurer - Bon sang !! Un Peau-Rouge !! C’est ça «l’innocence» de Dylan ??!!

Rachel s’approcha du témoin mystérieux. - Bonjour Monsieur, pouvez-vous vous présenter à la Cour ?

- Je m’appelle John Steve Whitecloud. J’ai soixante-cinq ans. Je suis Juge dans le Comté de Tulsa, en Oklahoma. Je dois aussi préciser que je suis un amérindien de la nation Cherokee.

- Merci. Pouvez-vous expliquer à la Cour pourquoi et comment vous intervenez dans ce dossier ?

- Mais oui. Il y a une dizaine de jours, vous m’avez appelé afin de solliciter ma collaboration. Vous m’avez exposé que vous assuriez la défense d’une jeune femme, Dylan Hederson, accusée de quatre meurtres. Vous aviez une hypothèse sur la façon dont ces quatre meurtres avaient pu être commis et vous m’avez demandé mon aide.

- Pourquoi vous ?

- Comme je viens de l’indiquer, je suis un Indien d’Amérique. Et depuis l’âge de trois ans, je pratique une forme de chasse très particulière. La chasse au lance-pierre. J’ai également gagné de multiples championnats nationaux et internationaux de tir sur cibles.

- En quoi a consisté votre aide dans le dossier Dylan Hederson ?

- Vous m’avez demandé d’abattre un animal en utilisant un lance-pierre. Pour ce faire, je me suis rendu dans une ferme où j’ai choisi un mouton qui était destiné à l’abattoir. L’animal était en parfaite santé. Je me suis placé à dix mètres de distance et je l’ai visé à la tempe. L’animal s’est écroulé dès que le projectile l’a touché.

- Avez-vous des preuves de ce que vous avancez ?

- Elles sont dans cette serviette en cuir...

Rachel s’approcha de la table du Greffier et saisit la serviette qu’elle tendit au témoin.

Tout en continuant son exposé, John Whitecloud présentait un rapport, un DVD et une petite boîte bleue à la Cour. - Toute la scène a été filmée par un caméraman de Tulsa-News, la chaîne d’informations locale. L’animal a été examiné par un vétérinaire qui a autopsié son cadavre, et constaté la présence d’un hématome extra-dural. Tout cela sous la surveillance du shérif du Comté qui a certifié l’authenticité de l’expérience. Nous avons rédigé un rapport que nous avons tous signé. Quant au projectile qui a servi, nous l’avons ramassé, enfermé dans cette petite boîte bleue que nous avons scellée.

- Avez-vous apporté le lance-pierre que vous avez utilisé ?

- Bien sûr. Le voici. C’est un lance-pierre moderne, de fabrication industrielle. Il possède une armature en métal, une poignée ergonomique en plastique, un élastique en latex. Il est équipé d’un repose-bras, d’un stabilisateur et d’un viseur qui permettent une meilleure précision de tir. On trouve ce genre de lance-pierre dans n’importe quelle armurerie ou magasin de sport pour moins de 50 dollars...

Rachel se tourna vers le Président. - Je souhaiterais que cette arme, le rapport d’expérience, le DVD et la petite boîte bleue soient considérés comme des pièces à conviction...

- Objection !! éructa l’avocat général. Non pertinent !!

- Objection rejetée ! Greffier, veuillez diffuser les images de l’expérience de Monsieur Whitecloud ordonna le Président.

Le Greffier glissa le DVD dans le lecteur et immédiatement les images apparurent sur le téléviseur à écran plat. Au moment où l’animal s’écroula, mortellement blessé, toute la salle d’audience poussa un Ooohhh d’étonnement.

Mais Rachel n’en avait pas encore fini. Elle se tourna de nouveau vers John Whitecloud.

- Depuis quand êtes-vous à New York ?

- Depuis deux jours. A votre demande, je me suis rendu sur les lieux des quatre crimes. Je me suis rendu compte que la High Line passait près de chacun des quatre balcons ou terrasses sur lesquels les corps des victimes ont été retrouvés. Le plus éloigné est à dix mètres de la High Line.

- Qu’avez-vous fait alors ?

- Je tenais mon lance-pierre dissimulé dans un sac porté en bandoulière, le repose-bras glissé sous la manche de ma veste. Je me suis accroupi pour faire semblant de lacer mon soulier. J’ai sorti le lance-pierre du sac. J’ai visé et tiré. Puis je me suis relevé et je suis reparti sans être inquiété par les piétons qui se promenaient ou faisaient leur jogging. Tout ça ne m’a pas pris plus de 5 secondes. J’ai recommencé trois fois. Sans aucun problème... Là encore, toute la scène a été filmée et authentifiée...

- Avez-vous une opinion sur le déroulement des crimes ?

- Objection !! L’opinion de Monsieur Whitecloud n’a aucun intérêt !! tenta l’avocat général.

- Son avis m’intéresse moi ! Objection rejetée ! Répondez mon cher collègue...

- Oui. Monsieur le Président. Et bien, je pense que les victimes ont été choisies parce qu’elles se trouvaient sur un balcon, ou une terrasse, proche de la High Line. La malchance a voulu que l’accusée soit endormie dans la chambre de Madame DeXeres au moment où le tueur assassinait sa maîtresse... Ce n’est que mon opinion... Evidemment...

Rachel répondit avec un sourire. - Merci Monsieur Whitecloud. Je n’ai plus de question. Le témoin est à vous Monsieur l’avocat général...

- Je n’ai aucune question à poser à ce prétendu témoin !! Tout ceci n’est qu’une... mascarade !!!

- Comme vous voulez !! Dans ce cas, j’aimerais qu’on rappelle le Lieutenant Tibbs à la barre des témoins.


*


Tibbs avait succédé à John Whitecloud dans le box des témoins. Il avait son visage des mauvais jours.

Rachel l’attaqua immédiatement - Que pensez-vous de cette démonstration Lieutenant Tibbs ? Intéressante non ? Reconnaissez qu’elle vaut bien la vôtre !!

- Votre démonstration ne tient pas la route  Maître Peabody !! Elle ne tient absolument pas la route !!! 

- Vraiment ??? Et pourquoi ???

- Vous me prenez pour un imbécile ??? Vous pensez sans doute que je n’avais pas pensé à cette possibilité que le tueur ait utilisé un lance-pierre ? Bien sûr que j’y ai pensé !! Mais nous n’avons trouvé aucun projectile sur les scènes de crime !! Aucun !!! Nous avons cherché partout sur les balcons et terrasses. Même autour des immeubles où habitaient les victimes. Parce que nous avons pensé que les projectiles avaient pu rebondir et tomber dans la rue. Nous avons même pensé à un boomerang qui revient vers son lanceur. Mais même ça, ça ne marche pas... Alors, sans projectile, comment «votre» tueur aurait-il fait pour atteindre les victimes qui se trouvaient à plusieurs mètres de lui !! Comment ?? Dites-moi comment Maître Peabody !!


*


L’ambiance qui régnait dans la salle d’audience était chargée électricité.

Toutes les personnes présentes, Président, jurés, avocat général, public, étaient suspendues à la réponse de Rachel.

C’était la seconde de vérité. Tout le monde l’avait compris. Et de cette seconde dépendaient la culpabilité ou l’innocence de Dylan. Sa liberté et sa vie.

Dylan se mordit les lèvres.

Jamais elle n’avait connu une pareille trouille. Même en Irak. Même en Afghanistan. Parce que même là-bas, elle avait eu l’impression qu’elle pouvait agir sur les événements.

Mais ici, rien de tel. Elle n’avait aucune prise sur son destin.

Elle dévorait littéralement Rachel des yeux. Elle était son ultime espoir.


*


Rachel avait conscience que tous les regards étaient braqués sur elle. Mais au milieu de tous ces regards, il n’y en avait qu’un seul qui comptât vraiment.

Elle en était troublée.

Elle éprouvait cette sensation enivrante d’être le centre d’intérêt de tous. Et surtout de l’être qui vous plaît.

Elle se tourna vers Dylan. Elles échangèrent un imperceptible sourire.


*


La jeune avocate s’approcha tout doucement de la table du Greffier. Là où toutes les pièces à conviction avaient été déposées.

Elle prit la petite boîte cubique en carton bleu, scellée d’un cachet de cire rouge. Elle la tendit au policier - Cette boîte contient le projectile qui a tué ce malheureux animal que nous avons sacrifié sur l’autel de la Vérité... Cette boîte contient le projectile qui lui a brisé l’os temporal et à provoqué l’hématome extra-dural dont il est mort. Ouvrez cette boîte, Lieutenant Tibbs. Ouvrez-la... Votre réponse est dans cette boîte...

- Objection !! tenta l’avocat général.

- Rejetée !! Ouvrez cette boîte Lieutenant !! ordonna le Président.

Tibbs hésita quelques secondes, puis il arracha le scellé et ouvrit la boîte.

Une seconde boîte apparut. Cylindrique et en métal. Il la prit dans sa main. Elle était fermée au moyen d’un couvercle. Il le dévissa.

Tibbs poussa un oohh d’étonnement et jeta - Nom de nom de nom de nom !!!... Mais quel imbécile !!! Mais comment je n’y ai pas pensé !!! Non, mais quel imbécile !!!

Des personnes dans le public s’étaient levées pour mieux voir. Les jurés tendaient le cou, impatients.

Le Président lança, excédé, - Lieutenant, surveillez votre langage !! Et montrez-nous ce que contient cette boîte à la fin !!! 

Ce fut Rachel qui accouru au secours du policier. - Je vais vous le dire Monsieur le Président. Cette boîte isotherme contient un... GLAÇON. Un GLAÇON, rond, de quatre centimètres de diamètre. Dur comme de la pierre. N’est-ce pas Lieutenant Tibbs ?!

Vaincu, le policier sortit le verre inséré dans la boîte métallique et le présenta. À travers les parois du verre, tout le monde pouvait voir une petite boule blanche  - Oui. C’est vrai... C’est un glaçon...

Rachel continua - Un glaçon comme ceux qui ont tué Dana, Beth, Kim et Helena. Des glaçons qui ont roulé près de leur corps. Des glaçons dont vous n’avez trouvé aucune trace... Parce qu’ils ont fondu au grand soleil de ces mois de juin et juillet caniculaires... Je ne sais pas qui est votre tueur en série, Lieutenant Tibbs. Mais je suis certaine de deux choses...

Elle s’interrompit une seconde. Puis, se tournant vers le jury, elle reprit - Votre tueur ne s’appelle pas Dylan Hederson. Et... votre tueur en série est un... tueur aux glaçons...

Rachel s’adressa enfin au juge. - Je n’ai plus de question à poser, Monsieur le Président. Je n’ai plus de témoin à interroger... J’ai fini...

Lentement, au milieu des murmures de plus en plus assourdissants des spectateurs, elle revint s’asseoir à côté de Dylan.


*


L’audience était terminée.

Les jurés s’étaient retirés.

Par un clin d’oeil ironique du destin, les douze hommes et femmes qui devaient décider du sort de Dylan, de sa liberté ou de son emprisonnement à vie, étaient comme elle à présent.

Enfermés à double tour, dans une salle sans charme, où ils étaient tenus de rester jusqu’au moment où ils auraient, à l’unanimité, choisi entre son innocence ou sa culpabilité.

Dylan aussi était prisonnière, seule, dans la petite pièce qui serait sa cellule pendant toute la durée du délibéré.

On l’y avait entraînée dès que le Président avait proclamé la fin des débats publics. Elle n’avait pas pu parler avec Rachel et Marty. La jeune avocate avait tout juste eu le temps de lui murmurer - Je vais venir vous voir Dylan...

Maintenant, elle attendait Rachel en faisant les cent pas entre sa chaise et l’étroite fenêtre grillagée qui permettait à son regard de s’évader vers les hauts buildings de New York.

Il faisait toujours si chaud !!

En levant les yeux vers le ciel d’un bleu immaculé, elle pensa Ainsi c’est cette chaleur intense qui est cause de tout !! De la mort d’Helena. De celles de Beth, de Kim, et de Dana.


*


Dylan revivait les heures qui avait précédé son isolement.

Le procès s’était terminé par la brillante plaidoirie de Rachel.

Elle n’avait pas parlé plus de quinze minutes. Mais ses paroles avaient pesé plus lourd qu’un discours de trois jours. Et infiniment plus lourd que le réquisitoire de l’avocat général !!!

Elle avait tout dit, tout résumé devant un public muet et fasciné.

Pourtant, après le coup de théâtre de Rachel, le Président avait eu les pires difficultés à ramener un peu d’ordre et de silence dans la salle d’audience !!

Les flashs des téléphones portables explosaient. Les journalistes envoyaient tweet sur tweet... Les mots «le tueur aux glaçons» allaient faire les gros titres de tous les journaux de New York !!!

Dylan sourit en revoyant la scène. Le Juge qui intimait à la foule de se taire. Il avait littéralement dû assommer son pupitre à coups de marteau !!

La passion qui enflammait l’auditoire aurait pu faire fondre le glaçon que le Lieutenant Tibbs tenait entre ses doigts !!!


*


Ce que Dylan avait vécu alors, ce qu’elle avait ressenti, elle pouvait difficilement le décrire !! L’impression que mes chaînes tombaient de mes poignets !!! Car, j’en suis certaine, Rachel m’a sauvée !!!

Elle l’avait compris en voyant les visages des jurés. Elle pouvait y lire le doute, ce fameux «doute valable».

Elle revoyait Rachel, debout, superbe au milieu du tumulte. Et le sourire qu’elles avaient échangé alors... Ce sourire, elle s’en souviendrait toute sa vie...

Tout se bousculait dans son coeur. Et plus encore que de la reconnaissance pour la jeune avocate, il y avait... il y avait... ce sentiment qu’elle n’osait pas formuler...

Dire qu’il y a trois semaines... trois semaines seulement, quand Tibbs l’avait accusée de meurtre, elle avait failli sombrer dans le désespoir !!

Comme tout cela lui paraissait loin ! Une autre époque. Une époque où il n’y avait pas Rachel !!!


*


Après son arrestation et le premier interrogatoire, on lui avait retiré sa ceinture et les lacets de ses baskets. C’était une précaution que la Police prenait toujours, pour éviter que les gardés à vue ne se pendent dans leur cellule.

Sage précaution !! Car elle savait bien qu’elle aurait pu commettre cette folie !!

Elle était si totalement désespérée !! Elle se sentait si seule !! Elle avait l’impression de se battre contre des murs.

Elle lisait sa culpabilité dans tous les yeux. Des Policiers, Des experts.

Même son avocat, un petit bonhomme au costume fripé, avait tenté de lui «vendre» un deal avec le Procureur. Elle avait préféré se passer de ses services. Plutôt être seule que si mal accompagnée !!!

Elle se savait condamnée. Irrémédiablement. Elle avait alors cherché un moyen d’en finir. Car la prison à vie lui semblait pire qu’une longue torture.

Elle avait songé à se fracasser la tête contre les murs.


*


Mais on l’avait traînée au Palais de Justice pour l’audience préliminaire qui devait décider de sa liberté ou de sa détention  avant le procès.

Et là, dans cette salle où elle s’était sentie comme une bête traquée et prise au piège, elle l’avait vue. Pour la première fois.

Elle n’en croyait pas ses yeux. Un avocat pouvait aussi être cette jeune femme magnifique aux yeux si bleus, au visage si doux !!

Finalement, le destin n’était pas si cruel puisqu’il lui avait permis de la rencontrer !

Leur premier entretien seule à seule !!

Rachel semblait prête à l’écouter. Et à l’aider. Elle semblait s’investir totalement dans sa défense.

Et Dylan avait fini par croire qu’un miracle était possible.

Mais cet espoir n’avait pas duré. L’abandon de Rachel avait été comme une gifle. Encore plus cruel que son arrestation. Car, il éteignait tout espoir, comme le vent éteint une flamme !!

Mais Rachel était revenue...

Et quel retour !!!


*


Tout à coup, Dylan entendit le bruit d’une clef dans la serrure. Elle se retourna et vit Rachel qui entrait dans sa cellule.

Elle eut l’impression que son coeur battait plus vite. plus fort. Si vite, si fort que Rachel allait l’entendre !

Alors, stupidement, elle se mit à tousser pour en couvrir le bruit.

- Vous avez attrapé froid Dylan ? S’enrhumer par une telle chaleur, c’est plutôt surprenant...

- Non, non. J’ai un chat dans la gorge. C’est tout...

- Un chat ?? Mais vous n’avez pas dit un seul mot de tout le procès...

- C’est l’émotion, je pense... D’ailleurs, je voulais vous demander... Pourquoi ne m’avez-vous pas fait appeler à la barre ? Pourquoi ne m’avez-vous pas interrogée ??

- C’était inutile Dylan. Vous êtes aussi étrangère à cette série de meurtres que le Président Obama. Vous interroger aurait été aussi inutile que l’interroger lui. À part crier votre innocence, qu’auriez-vous pu dire ? Qu’auriez-vous pu apporter aux débats ? Et puis je voulais rester sur la surprise de ma démonstration...

- Pourquoi ne m’avoir rien dit de votre idée ?

- Je voulais que ce soit une surprise pour tout le monde Dylan. Y compris pour vous. Je ne voulais pas qu’on croit que c’était vous qui m’aviez suggéré le «coup» du glaçon. Tout le monde a pu voir que vous étiez la première surprise !!!

- Et je l’étais !! Bon sang oui !! On peut dire que je l’étais !! Comment avez-vous eu cette idée ??

- En buvant une citronnade dans laquelle ma mère avait mis des glaçons !! répondit Rachel en riant. J’ai fait le lien avec le rapport d’expertise balistique que je venais de lire...

- Décidément, je dois une fière chandelle à votre mère !! Et d’abord pour vous avoir mise au monde...

- Vous ne me considérez plus comme «une avocate sans expérience ? Une avocate qui ne croit pas à votre innocence ? Qui se moque bien de ce qui peut vous arriver» ?

Dylan baissa la tête, gênée en entendant Rachel lui répéter, mot pour mot, les propos qu’elle lui avait tenus dans la prison de Rykers Island.

- Je suis désolée de vous avoir dit ça... Je vous demande pardon... J’ai été stupide... Mais j’avais une excuse... J’étais perdue... Complètement perdue.

- N’en parlons plus. C’est oublié. Définitivement oublié.

- Merci Maître Peabody. Pendant combien de temps les jurés vont-ils délibérer ?

- Il n’y a aucune règle Dylan. Une heure, un jour, une semaine... Ils peuvent débattre pendant des heures... Ou, au contraire, commencer par un vote préliminaire. Il n’y a aucune règle. Ils sont seuls et totalement libres de mener les débats à leur guise...

- Ils vont m’acquitter n’est-ce pas ?? interrogea Dylan d’une voix tremblante.

Rachel la regarda. Elle tenta de mettre le plus de douceur possible dans son sourire. Et de trouver des paroles d’encouragement. Mais elle ne voulait pas lui mentir en faisant preuve d’une assurance aveugle.

Elle lui prit la main qu’elle garda dans les siennes - Je l’espère Dylan. Je l’espère de tout mon coeur...

- Mais vous n’en êtes pas certaine...

- Non. Je n’en suis pas certaine... Je préfère être franche avec vous, Dylan... Ils peuvent vous acquitter ou vous condamner pour les quatre meurtres. Mais ils peuvent aussi vous acquitter pour les trois premiers meurtres, faute de preuve, mais vous condamner pour celui d’Helena parce que vous étiez là...

- Et même pour un seul meurtre, je risque la perpétuité...

Rachel ne répondit pas. C’était inutile.

La main de Dylan glissa des siennes.

La prisonnière se tourna de nouveau vers la fenêtre. Son regard s’envola au-dessus des immeubles. Elle parla d’une voix cassée par la peur et l’émotion - En tout cas, je veux vous remercier pour tout ce que vous avez fait pour moi Maître Peabody... Je ne crois pas qu’on aurait pu faire mieux... J’aimerais tellement vous dire... Mais je ne suis pas comme vous... Je n’ai pas les mots...

- Vous aviez pourtant trouvé les mots justes quand nous étions dans la prison de Rykers Island...

- Vous m’aviez promis de les oublier... C’est facile quand on est en colère... Les mots sortent tous seuls. Et ils dépassent souvent votre pensée... Mais là c’est différent... Là, il s’agit de... reconnaissance.

- Ne me remerciez pas Dylan. Je n’ai fait que mon travail...

- Ô non... Vous avez fait tellement plus...

Dylan se tourna vers Rachel. Il y avait dans son regard une telle intensité, un tel feu que Rachel en fut comme hypnotisée.

Dylan dominait Rachel de quelques centimètres. Elle se pencha vers elle.

Elles étaient face à face. Les yeux dans les yeux. Si proches l’une de l’autre. Seuls quelques centimètres séparaient leurs lèvres. Leurs souffles se mêlaient déjà.

Elles ne bougeaient plus. Elles n’osaient pas. Elles restèrent ainsi, de longues secondes, engourdies, au bord du précipice de leur désir.


*


Un vacarme se fit entendre à la porte de la cellule. Un bruit sourd qui les fit sursauter.

Elles se séparèrent quand la porte s’ouvrit sur un Marty essoufflé - Ça y est les filles !!! Ils ont déjà fini de délibérer !!! Venez !! On nous attend dans la salle d’audience !!

- Déjà ??? s’exclama Rachel. Mais ils n’ont pas délibéré plus d’une heure !!!

- Ils ont dû faire un vote préliminaire et il y a eu tout de suite unanimité...

Dylan s’exclama - C’est mauvais signe, n’est-ce pas ??? Ça veut dire que je suis condamnée...

Rachel ne répondit pas. Que pouvait-elle dire qui ne soit pas dérisoire et maladroit ?

Mais Marty crut bon répondre - On fera appel Madame Hederson !! On épuisera toutes les voies de recours !! C’est promis !! 

Rachel intervint, agacée - C’est bon Marty !! Laisse-nous !! On arrive tout de suite...

Puis une fois seules : - Il a raison. On utilisera toutes les possibilités que nous donne la loi... Ce n’est pas fini Dylan. C’est très loin d’être fini... Et je serai là, à vos côtés... Tout le temps. Toujours... Je vous le promets...

- Merci Maître Peabody. C’est bien le seul avantage que je vois à ma condamnation...

- Le jury ne s’est pas encore prononcé Dylan. Venez maintenant. Ne faisons pas attendre la Cour...


*


Ils étaient debout face au Président. L’accusation et la défense.

Dylan se tenait droite, entre Marty et Rachel. Elle ne voulait pas flancher. Elle voulait subir sa condamnation mais dans la dignité. Elle sentit qu’une main s’emparait de la sienne. Celle de Rachel.

Le Président se tourna vers le jury. - Monsieur le Premier Juré, êtes-vous arrivés à un verdict unanime ?

Un homme d’une quarantaine d’années se leva, un papier à la main. - Oui Monsieur le Président.

- Très bien. Nous vous écoutons...

Le premier juré se racla la gorge et commença à lire son papier d’une voix forte - Pour le meurtre de Dana, nous déclarons Dylan Hederson... Non coupable !!

Dylan n’arrivait pas à croire ce qu’elle avait entendu. Non coupable ! Elle avait l’impression de naître une seconde fois. La main de Rachel pressa la sienne. Leurs doigts s’entrelacèrent.

- Pour le meurtre de Beth, nous déclarons Dylan Hederson... Non coupable !! Pour le meurtre de Kim, nous déclarons Dylan Hederson... Non coupable !!

Non coupable !! Non coupable !! Non coupable !! Trois fois «non coupable»...

Il ne restait plus qu’un verdict. Un seul.

Un silence de tombe était tombé sur la salle d’audience.

Dylan avait l’impression qu’elle allait s’évanouir. Comme elle avait peur !!! Jamais elle n’avait connu la peur avant ce moment. Les doigts de Rachel s’imprimaient sur le dos de sa main.

- Pour le meurtre d’Helena DeXeres, nous déclarons Dylan Hederson... NON COUPABLE !!

Les mots avaient explosé dans la salle provoquant la sidération du public. Puis tout à coup ce furent des cris et des exclamations de joie. Des applaudissements.

Acquittée !!! Elle était acquittée !!

Dylan s’effondra en pleurs sur sa chaise, tenant toujours la main de Rachel

Marty se tourna vers elles - Bravo les filles ! Bien joué ! Rachel, t’es vraiment la meilleure !!

Mais Rachel ne l’écoutait pas. Elle était dans sa bulle. Où il ne pouvait pas la rejoindre. Où elle ne pouvait être qu’avec une seule personne.

Avec Dylan.


*


Rachel s’accroupit auprès de Dylan qui restait immobile sur sa chaise.

Des larmes coulaient toujours sur ses joues. Des larmes de joie. Son dos s’arrondissait sous le poids des émotions accumulées.

Elle était passée de la peur la plus extrême à la délivrance la plus absolue.

Rachel murmura. - Ne pleurez plus Dylan... Nous avons gagné... Nous avons gagné... C’est fini... Vous êtes définitivement innocentée... Nous avons gagné...

- Ô Maître Peabody... C’est à vous que je dois tout ça... Je ne pourrai jamais assez vous remercier...

- Non Dylan... Vous ne me devez rien... Absolument rien... Un avocat préfèrera toujours un acquittement à une condamnation à perpétuité. Alors c’est moi qui dois vous remercier de m’avoir donné l’occasion  d’obtenir un acquittement répondit Rachel en riant.

- Non. Je sais que je vous dois tout. Et d’abord d’avoir cru en mon innocence... Sans vous... J’aimerais tellement vous dire...

Mais, au milieu de cette foule hystérique, elle ne pouvait pas dire les mots qui se pressaient sur ses lèvres. Elle ne pouvait  pas faire les gestes dont elle avait tant envie. Toute intimité leur était refusée.

Des journalistes s’étaient déjà approchés. Ils tendaient leurs smartphones vers les deux jeunes femmes afin d’enregistrer leurs tous premiers mots après la victoire.

Les deux policiers qui escortaient Dylan s’approchèrent. - Désolée, Maître Peabody, mais on doit l’emmener...

Dylan eut un sursaut de frayeur. - Ils me ramènent en prison ??? Mais pourquoi ??

- N’ayez pas peur Dylan... C’est la procédure normale... Vous devez récupérer les affaires que vous avez laissées là-bas. Et surtout vous devez signer les papiers de la levée d’écrou. Vous ne pouvez le faire qu’au greffe de la prison de Rykers Island... Ça ne prendra qu’une heure au plus. Ensuite vous serez libre... Je vais venir vous chercher...

- C’est vrai, Maître Peabody ? Vous allez venir me chercher ?

- Mais oui... C’est vrai. C’est une sorte de service «après-vente». Alors, suivez-les sans crainte... Vous êtes déjà libre. D’ailleurs, vous voyez bien... Ils ne vous mettent pas de menottes...

- Oui. C’est vrai... Alors, à tout à l’heure...

- À tout à l’heure Dylan.

Elle se leva enfin de sa chaise pour suivre les deux policiers qui écartaient la foule devant elle.

Au moment de franchir la porte qui lui permettait de quitter définitivement cette salle où elle avait joué sa vie, elle y jeta un dernier regard. Rachel était toujours là qui la suivait des yeux.

Elles se sourirent.


*


La foule bruyante s’était enfin dispersée.

Après avoir chaleureusement remercié John Whitecloud, après avoir laissé Marty la serrer dans ses bras pour saluer sa victoire, Rachel se retrouvait seule dans la salle d’audience.

Lentement, elle rangeait les feuillets du dossier Dylan Hederson contre Ministère Public.

Mais ce n’était qu’un prétexte. Elle voulait savourer les derniers instants de cette journée si particulière qui avait vu la Vérité et la Justice triompher.

Elle entendit un bruit derrière elle et elle se retourna.

C’était le Lieutenant Tibbs. Il se mit à l’applaudir doucement - Bravo, Maître Peabody ! Félicitations !! Le «tueur aux glaçons» !! Sacrée trouvaille !! Presque aussi bien que «Jack l’éventreur» ou «Hannibal le cannibale» !! Ça fait déjà le buzz sur internet !! Vous allez entrer dans l’histoire de la criminologie. Et par la grande porte !! Bravo !! Mille fois bravo !!

- Merci Lieutenant...

- Ça oui... Vous pouvez me remercier !! Cet acquittement, c’est un peu à moi que vous le devez !! On peut dire que vous m’avez bien pigeonné !! Je me suis fait avoir en beauté !! Vous aviez bien raison quand vous avez dit que vous alliez démolir mon enquête... Je passe pour le roi des imbéciles...

- Non Tibbs... Vous êtes un homme honnête et un excellent flic... Mais vous vous êtes laissé aveugler par des évidences... Une lesbienne morte et une suspecte lesbienne. Donc, une coupable lesbienne. Mais rien n’est jamais aussi évident...

- Vraiment ??? Et si c’était moi qui avait raison finalement ??? Si Dylan Hederson était réellement coupable ?? Si vous aviez fait tout ça pour qu’une tueuse en série s’en sorte ??? Et puisse recommencer à tuer...

- Vous savez très bien que c’est faux... C’est le dépit qui vous fait parler... Soyez bon joueur Lieutenant Tibbs...

- Ça n’a rien à voir avec du dépit !! Réfléchissez un peu... Et vous aussi, ne vous laissez pas aveugler... Les quatre meurtres ont tous été commis à une semaine d’intervalle. Avec une régularité de montre suisse. Les samedis 30 juin, 7, 14 et 21 juillet. Nous avons arrêté Dylan le 21. Ensuite, il n’y a plus eu de meurtre... Plus aucun meurtre... Que pensez-vous de cette coïncidence Maître Peabody ??? Plus de meurtre alors que votre cliente était en prison... Ou... PARCE qu’elle était en prison... Bonne soirée, Maître Peabody...

Il lui tourna le dos dans un grand rire sonore et la laissa seule. Interdite. Étonnée. Glacée.


*


On avait ouvert la porte de la prison de Rykers Island devant Dylan. On n’eut pas besoin de la pousser au dehors.

Elle avala l’air de sa liberté avec gourmandise. 

Elle regarda autour d’elle. Elle se retrouvait seule avec un sac de voyage qui contenait quelques vêtements, des affaires de toilettes, deux ou trois livres...

Elle avait un peu d’argent en poche. L’administration judiciaire lui avait versé un dédommagement pour ses trois semaines de prison. 30 dollars par jour. Pas la fortune. Juste de quoi prendre un car pour le centre de New York et louer un meublé...

Elle se mit à sourire quand elle pensa Je n’aurai pas besoin de prendre un car... Rachel a promis de venir me chercher. Et... je n’aurai peut-être pas besoin de louer un meublé...

C’est alors qu’elle aperçut une voiture garée non loin.

Cette voiture ne pouvait être là que pour elle. Car il n’y avait personne d’autre qu’elle à attendre devant la prison de Rykers Island.

Son coeur se mit à battre. Rachel. Ce ne pouvait être que Rachel.

La porte de la voiture s’ouvrit lentement. Et un homme, gros et barbu, en sortit avec peine, tant sa masse corporelle le gênait.

En le voyant, Dylan éprouva une déception à la mesure de ses espérances. Mais, malgré tout, elle fit bon visage à l’homme qui s’avançait vers elle - Bonsoir Maître Shaw. C’est gentil de venir me chercher à ma sortie de prison...

- C’est normal Madame Hederson. Ça fait partie du «service après-vente» comme on dit dans notre jargon... Donnez-moi votre sac de voyage. Installez-vous dans la voiture pendant que je vais le mettre dans le coffre.

Dylan obéit docilement. La voiture poussa un gémissement quand Marty revint s’asseoir au volant. - Et bien Madame Hederson... Où dois-je vous conduire à présent ???

- Conduisez-moi... à la gare de Grand Central... Je vais prendre un train pour Charleston...

- Vous retournez chez vous ? En Caroline du Sud ?

- Oui. J’ai besoin de revoir mes parents... Ils me manquent... Et puis, ici j’ai perdu mon job et je n’ai plus de domicile...

- Je comprends... C’est en effet ce que vous avez de mieux à faire... Ok, on y va...


*


Ils firent le chemin jusqu’à la gare principale de New York sans plus échanger un seul mot.

Marty n’avait aucune envie de faire la conversation à cette femme pour laquelle il avait, immédiatement, éprouvé une antipathie certaine. Peut-être parce qu’elle était trop sympathique à Rachel !!

Quant à Dylan, elle tentait de dominer sa déception... Elle n’avait rien à dire à ce gros homme qui la détestait si visiblement. Et qui, en plus, avait le privilège de voir Rachel tous les jours. De vivre pratiquement avec elle.

La voiture traversa le quartier du Bronx et prit la direction du sud de la presqu’île de Manhattan. Puis elle suivit la Cinquième avenue jusqu’à la Quarante-deuxième rue au milieu des flots de taxis jaunes.

Marty s’arrêta à l’angle de la Quarante-deuxième et de Park Avenue. Il se tourna vers sa passagère. - Vous voici arrivée, Madame Hederson ! Vous voulez que je vous accompagne jusqu’au quai ? proposa-t-il en espérant une réponse négative.

Dylan répondit avec un petit sourire. - Merci pour votre obligeance, Maître Shaw. Mais c’est inutile. Je pense que je vais pouvoir me débrouiller toute seule. Et puis mon sac n’est pas si lourd...

- Très bien... Alors adieu Madame Hederson. Je pense qu’il est inutile de se faire la bise...

- Non en effet. Mais s’il vous plait, dites à Maître Peabody que je n’oublierai jamais ce qu’elle a fait pour moi...

- Je suis certain qu’elle le sait déjà. Mais je le lui dirai... Vous pouvez compter sur moi.

- Merci, Maître Shaw. Alors adieu...

- Adieu Madame Hederson. Je vous ouvre le coffre...

Dylan sortit de la voiture pendant que Marty actionnait l’ouverture automatique. Elle saisit son sac et referma le coffre. En entendant le claquement sourd, Marty démarra brusquement, laissant la jeune femme sur le bord de la chaussée.

Elle ne put s’empêcher de sourire à nouveau. Marty la fuyait littéralement. Décidément, il ne l’aimait guère !! Quelle importance après tout !! L’essentiel était qu’elle soit libre.

Libre !! Elle était libre !!

Elle leva les yeux vers la flèche en acier du Chrysler Building. Puis son regard glissa sur les sculptures monumentales qui ornaient la façade de Grand Central Terminal.

Elle jeta son sac sur son épaule, et, faisant signe aux voitures de la laisser passer, elle se dirigea en courant vers l’entrée de la gare.


*


Trois jours avaient passé.

Rachel s’étira voluptueusement dans son lit.

Elle était encore engourdie par le sommeil. Sa nuit avait été agitée. Pas comme elle l’aurait souhaité. Hélas non... Par les mauvaises pensées de la nuit. Ces soucis qui revenaient l’assaillir.

Elle n’était pas retournée à son travail. Elle estimait que ses vacances étaient amplement méritées. Mais elle n’avait pas rejoint ses parents dans leur maison des Hamptons.

Son père était trop fine mouche. Elle savait qu’il n’aurait pas manqué de lui poser la question qui la gênait. Pourquoi avoir refusé de revoir Dylan ?

Qu’aurait-elle pu lui répondre ? Qu’elle ne voulait pas la revoir parce qu’elle craignait de s’être trompée ? Elle craignait d’avoir rendu la liberté à un monstre. Un monstre dont elle avait peur. À nouveau...

Elle soupira. Si le Lieutenant Tibbs a raison, l’assassin va recommencer à tuer un samedi. Et on est précisément samedi !!!

Elle se dit qu’elle ne devait pas céder à la panique. Il ne pouvait rien lui arriver !! 

Et puis il était temps de se lever !! C’était criminel de rester couchée par une si belle journée !! Elle devait faire un peu de rangement, puis sortir pour faire quelques courses. Mais d’abord elle devait prendre un bon petit déjeuner !!


*


Elle quitta son lit, sortit de sa chambre, et descendit l’escalier.

Elle passa devant la petite salle à manger, prolongée par une terrasse en bois d’ipé qui surplombait le jardin. Elle vit que la porte de la terrasse était largement ouverte. Tiens, je pensais l’avoir simplement entre-baillée ?!

Elle haussa les épaules. Elle n’avait rien à craindre. La maison de ses parents, la sienne à présent, une brownstone typique du 19ème siècle, à l’étroite façade de pierres marrons et aux fenêtres rectangulaires, avait quatre étages en plus du rez-de-chaussée et de la cave.

Côté rue, l’architecture néo-classique avait été respectée. Côté jardin, les fenêtres à guillotine avaient été remplacées par d’immenses baies vitrées, totalement lisses. Sans la moindre aspérité.

Il aurait fallu des ailes pour atteindre la terrasse.

Elle s’approcha de la porte-fenêtre. Au loin, à cent mètres au moins, entre les maisons qui entouraient la sienne, elle vit un petit morceau de la High Line. Un peu loin pour un lance-pierre pensa-t-elle.

Elle referma la porte-fenêtre.

Elle descendit encore l’escalier jusqu’à l’étage où se trouvait la cuisine. Elle entra et commença à préparer un plateau sur lequel elle déposa bol et sucrier, cuillère, assiette et couteau.

Elle saisit la bouilloire qu’elle remplit d’eau et la mit à chauffer.

Elle ouvrit le large réfrigérateur américain pour en sortir une bouteille de jus de pomelos frais et un yaourt au gingembre. Elle sourit en lisant le nom sur le grand pot d’un demi-litre. Rachel’s. Un homonyme. Mais absolument délicieux.

Elle se retourna. Et resta pétrifiée.

Dylan était là. Adossée à un meuble, les bras croisés sur la poitrine. Un sourire ironique flottant sur ses lèvres.



*


Elle portait les mêmes vêtements que lors de l’audience préliminaire, il y a un mois déjà. Un jean et une veste de style militaire sur un tee-shirt blanc.

Rachel sentit que son coeur s’affolait.

Pourquoi était-elle là ? Pour l’aimer ? Ou pour la tuer ? Ou, comme elle l’avait fait avec Helena DeXeres, l’aimer puis la tuer...

Le regard dont Dylan l’enveloppait, et le souffle glacé du réfrigérateur ouvert dans son dos lui firent brusquement prendre conscience de sa quasi nudité.

Elle avait dormi nue pour tenter d’échapper à la chaleur de la nuit et, en se levant, elle s’était contentée de mettre un minuscule short en coton et une chemise qu’elle n’avait pas cru utile de boutonner.

Le tissu en était si fin qu’il ne cachait rien. Ou si peu...

Rachel se sentait totalement désarmée. Fragile.

Elle était partagée entre la peur que lui inspirait Dylan et la sensation exquise de voir les yeux noisette transpercer avec convoitise la mince toile qui tentait, mais sans y parvenir, de dissimuler ses seins et son ventre.

Elle pensa que le moment était à la fois excitant, dangereux et ridicule. Elle était pratiquement nue dans sa cuisine, un pot de yaourt à la main, avec une séduisante tueuse en série !!

Elle devait bien reconnaître qu’elle avait connu des situations moins embarrassantes !!


*


Dylan semblait totalement maîtresse d’elle-même, mais Rachel pouvait lire le désir dans son regard moqueur.

Elle pensa que c’était sa chance. Alors, décidée à surmonter sa peur, elle se mit à jouer les hôtesses bien élevées.

Elle posa les aliments sur la table et referma le réfrigérateur. Puis croisant ses bras sur sa poitrine, en un geste de protection contre le regard brûlant, elle s’exclama d’une voix faussement joyeuse - Dylan !! Quelle surprise !! Je vous croyais repartie à Charleston !!

- Sans vous avoir dit «au revoir» ? Cela aurait manqué de la plus élémentaire courtoisie répondit Dylan sur le même ton délicieusement affable.

- L’occasion n’aurait pas manqué de se représenter...

- L’occasion ? Quelle occasion ? Vous voulez parler d’un nouveau procès, je présume ?... Non merci... J’en ai épuisé les charmes... Bien que j’aie chargé Marty de vous saluer de ma part, j’ai pensé que je devais faire mes commissions moi-même... Et... me voici...

- Je vois... Et... je peux vous demander comment vous êtes entrée chez moi ?...

- Mais bien sûr. Le plus simplement du monde. Par la porte-fenêtre que vous venez de fermer.

- C’est impossible... Elle est à plus de quatre mètres du sol et elle ne donne pas sur la rue...

- L’armée ne m’a pas seulement appris la meilleure façon de tuer, Maître Peabody. Elle m’a aussi appris à escalader les façades des immeubles... Vous seriez surprise de voir ce que je peux faire avec une petite corde et mes mains nues.

Rachel regarda les mains de Dylan. De belles mains, fines et... fortes.

Une corde et ses mains nues... Oui, elle imaginait parfaitement ce qu’elle était capable d’en faire. Et cela acheva de la troubler.

Mais elle se rappela aussi que toutes les victimes avaient été frappées à la tempe droite. Signe que le tueur était gaucher. Et Dylan ÉTAIT gauchère. Elle ne devait pas oublier que ces belles mains pouvaient tuer.

La jeune avocate articula - Mais quand êtes-vous entrée chez moi ?...

- Cette nuit. Autour de minuit. À l’heure où tous les chats sont gris. Et je suis un vrai chat de gouttière...

Cette nuit pensa Rachel. Elle est là depuis plusieurs heures. Ô mon Dieu... Elle aurait pu m’estourbir cent fois... Mais elle continua son interrogatoire - Comment avez-vous appris où je vivais ?

- Maintenant que vous êtes devenue une star du Barreau, vous intéressez furieusement la Presse, Maître Peabody. Alors je n’ai eu qu’à interroger une de mes amies. Une journaliste... Mais vous me permettrez de ne pas vous dire qui... Je ne dois pas trahir mes sources... répondit Dylan avec un petit rire.

- Une amie ? ne put s’empêcher de répliquer Rachel qui s’en voulut immédiatement de sa curiosité mêlée d’un soupçon de jalousie.

- Disons... une ancienne maîtresse, Maître Peabody. Mais ne vous inquiétez pas pour elle. Quand je l’ai quittée, elle était  toujours vivante. D’ailleurs, elle n’a pas le bonheur de posséder un appartement avec terrasse ou balcon... Vous, vous avez les deux... Et avec vue sur la High Line... Une vraie chance !!!

- Une chance ? Une chance pour qui ?

- Mais... pour vous, Maître Peabody. C’est la maison de vos parents, n’est-ce pas ? Vous y vivez depuis que vous êtes enfant. Vous y avez toujours vécu. Et de la fenêtre de votre chambre, vous pouvez voir, au-delà des immeubles et des toits, la ligne fine de la High Line...

- On en voit un petit tronçon, en effet... Et alors ?

- Cette nuit, pendant que vous dormiez, je me suis promenée dans votre maison. Exactement comme l’aurait fait un chat. Passant d’une pièce à l’autre, simplement précédée par le mince filet de lumière d’une petite lampe de poche...

- Vous avez un fameux toupet... Vous introduire comme ça chez moi et ensuite vous balader comme si vous étiez chez vous... protesta Rachel, oubliant sa peur.

- Il ne faut pas m’en vouloir Maître Peabody. Si je suis entrée sans y être invitée, c’est justement parce que j’avais l’impression que vous refuseriez de m’ouvrir votre porte ou tout simplement de me revoir... Et j’avais tellement envie de connaître le lieu où vous viviez pour mieux vous connaître vous.

- Et... qu’avez-vous appris sur moi ???

- Une chose étonnante. Je déambulais, caressant la couverture de vos livres, essayant la profondeur de vos fauteuils quand, tout à coup, j’ai eu un peu soif.  Alors, j’ai fait comme vous. Je suis entrée dans votre cuisine. J’ai ouvert vos placards, votre réfrigérateur. Je rêvais d’une glace.  Alors, j’ai regardé dans votre congélateur...

Rachel déglutit péniblement. - Mon congélateur ?..

- Oui... Au début, je n’ai pas compris ce que je voyais. Une glacière, c’est quand même un drôle d’endroit pour y mettre des balles de ping-pong... Vous ne trouvez pas ?... Alors, j’en ai pris une entre mes doigts... Elles sont creuses comme vous le savez et mesurent quatre centimètres de diamètre... J’ai vu qu’on y avait fait un petit trou et qu’on l’avait remplie d’eau. En gelant, l’eau a fendu la coque en plastique. Laissant voir un projectile rond. Dur comme de la pierre...


*


Un silence, pareil à celui qui précède l’orage, était tombé.

Le regard noisette, si moqueur l’instant d’avant, s’était fait interrogateur. Soupçonneux.

- Dylan, ce n’est pas ce que vous croyez. Je peux tout vous expliquer... tenta Rachel.

Mais elle ne put rien faire devant une Dylan dont la colère montait irrésistiblement - M’expliquer quoi ? M’expliquez quoi ? Pourquoi vous avez dans votre glacière dix projectiles comme ceux qui ont tué Dana, Beth, Kim et Helena ??? Me dire que si vous avez  deviné le mode opératoire du tueur aux glaçons, c’est parce que le tueur aux glaçons c’est VOUS ???? C’est VOUS le monstre psychopathe qui fait régner sa toute-puissance sur la ville en tuant de pauvres filles !!!

Rachel avait l’impression de vivre un cauchemar. Elle allait se réveiller !!

Sa peur s’était évanouie devant les accusations de Dylan. Elle n’avait plus rien à perdre. - Mais... vous êtes folle Dylan... Vous êtes complètement folle... Comment pouvez-vous croire que moi... ? Je vous ai défendue... Je vous ai fait sortir de prison... Vous étiez seule, complètement seule... Je vous ai aidée.. Vous n’aviez que moi...

De rage, Dylan avait serré les poings. - Oui, je n’avais que vous... Et, dans ma détresse, c’était extraordinaire de penser que vous étiez là pour moi. Et maintenant penser que c’est vous, vous qui avez fait tout ça !!

- Dylan, Dylan, ne nous énervons pas !! Je vous jure qu’il y a une raison parfaitement logique à tout ça !! Mais on va d’abord sortir de cette cuisine !!! D’accord ?? Ce n’est pas l’endroit idéal pour des explications. Venez... Allons sur la terrasse aménagée sur le toit... Un peu d’air nous fera du bien...

Au moment, où Rachel s’apprêtait à sortir de la pièce, Dylan lui saisit le poignet. Le geste paraissait menaçant. Mais en fait la jeune femme s’était radoucie.

Elle posa sur Rachel un regard ardent et presque suppliant - Très bien Maître Peabody. Je vous suis.

Rachel tenta l’ironie. - Vous ne voulez pas me montrer le chemin ? J’ai l’impression que vous connaissez cet endroit aussi bien que moi...

- C’est vous la maîtresse de maison...

- C’est juste... J’ai presque failli l’oublier. Alors, suivez moi.

Elles montèrent l’escalier. Arrivée devant la porte de sa chambre, Rachel se tourna vers Dylan - Il faut que je me change. Je ne peux pas rester à moitié-nue...

- Moi, je vous trouve très bien comme ça...

- Très bien pour que mes voisins me fassent arrêter pour exhibitionnisme oui !! Attendez-moi ici. Je n’en ai que pour deux secondes.

- Je vous accompagne...

- Quelle confiance !! Vous croyez que je vais cacher une mitraillette sous ma chemise ??

- Sait-on jamais... Je préfère m’en assurer...

Rachel ouvrit la porte de sa chambre sans plus protester. À quoi bon résister ? Elle ne pouvait rien contre la détermination et la force de Dylan.

Elle soupira - Très bien. Je présume que je n’ai pas le choix...


*


La chambre était grande et claire. Une fenêtre haute et large permettait de voir au loin. Jusqu’à la High Line.

Des étagères basses en bois blanc, chargées de livres ou d’objets des années 50 et 60, couraient le long des murs. Sur l'un d'eux, on avait accroché une affiche lacérée du film Casablanca.

Devant la fenêtre, un fauteuil rouge aux formes rondes, enveloppantes, maternelles, dans lequel une revue avait été oubliée.

Au milieu de la chambre, le lit large et bas.

Dylan regardait autour d’elle et appréciait ce qu’elle voyait. La simplicité du design  mélangé aux objets vintage comme la télé Brion Vega, ou le fauteuil Up5 de Gaetano Pesce.

Désignant l’affiche lacérée, elle s’étonna. - Vous possédez un Mimmo Rotella ?

- Ce n’est pas un Mimmo Rotella. C’est un Rachel Peabody à la manière de Mimmo Rotella. J’ai fait ça quand j’avais 16 ans... Vous voulez jeter un coup d’oeil dans le dressing où je range mes vêtements ? Des fois que j’y cacherais un sous-marin nucléaire...

- Oui. Merci... Si ça ne vous dérange pas...

- Mais non, voyons... Faites comme chez vous... D’ailleurs, vous en avez pris l’habitude... Je n’en reviens pas que vous ayez eu l’audace de pénétrer chez moi...

- En fait, je ne savais pas où aller... Je suis retournée dans l’immeuble où j’habitais avant d’être arrêtée. Le propriétaire a refusé de me rendre mes affaires si je ne lui donnais pas plusieurs centaines de dollars. C’était des photos de ma famille, des souvenirs. Je ne voulais pas les perdre. Alors, j’ai payé. Après je n’avais plus assez d’argent pour prendre un billet de train. Ni faire quoi que ce soit d’autre...

- Où avez-vous dormi ces trois dernières nuits ?

- Dans la salle d’attente de Grand Central. Comme une voyageuse qui attend son train...

- Mais enfin Dylan, c’était stupide... Il fallait me contacter... Je vous aurais donné de quoi rentrer chez vous. À Charleston...

- Je ne voulais pas vous demander la charité...

- Non. Mais vous avez préféré entrer chez moi par effraction !!

- Il n’y a pas eu d’effraction !! La porte-fenêtre était entre-ouverte...

- Ne jouez pas sur les mots !!!

- Vous êtes mal placée pour me faire la morale !! Quelqu’un qui a dans son frigo les preuves de ses crimes en série !!

- Arrêtez avec ça !! Je n’ai tué personne !! Et vous le savez très bien...

- Alors pourquoi avez-vous ces projectiles ??

Rachel soupira. - Quand j’ai deviné le mode opératoire du tueur, je me suis demandé comment il avait fabriqué ses glaçons. Il fallait qu’ils soient ronds pour être aérodynamiques. C’est là que j’ai pensé à des balles de ping-pong. J’en ai acheté une boîte. Et j’ai fait ce que vous avez dit. J’ai percé un trou et je les ai remplies d’eau. Avant de contacter John Whitecloud, je voulais être certaine que c’était faisable, vous comprenez... C’est une manie chez moi. J’aime bien faire des expériences. Un peu comme avec la copie du Mimmo Rotella... Vous me croyez maintenant ?

Dylan réfléchit pendant de longues secondes, puis - Oui. Je vous crois... À votre tour. Pourquoi avez-vous refusé de me revoir ? Vous aviez promis de venir me chercher à ma sortie de prison...

- C’est Tibbs. Après le procès, il m’a flanqué la frousse. Il m’a rappelé qu’il n’y avait eu aucun meurtre pendant que vous étiez en prison. Alors que, précédemment, il y en avait un par semaine. Tous les samedis.

- Je ne sais pas quoi répondre à ça... Tout ce que je peux vous dire c’est que ce n’est pas moi... Je vous le jure...

- Vous n’avez pas besoin de jurer. Vous avez été acquittée. De toute façon, le tueur a très bien pu arrêter sa série de meurtres en attendant de voir comment votre procès allait tourner.

- Maintenant, vous avez toujours peur de moi ?...

- Non Dylan, je n’ai plus peur de vous... Bon. Je peux entrer dans mon dressing pour me changer ?

- Oui. Allez-y. Je vous attends ici.

Rachel entra dans une petite pièce carrée, attenante à sa chambre. Des vestes, des robes, des manteaux étaient suspendus à des cintres. Des tiroirs contenaient des chemisiers et des pulls.

Elle s’habilla rapidement. Une robe-chemisier. Une petite ceinture. Des ballerines aux pieds. Tout cela n’avait pas pris plus de cinq ou six minutes.

Quand elle ressortit du dressing, elle resta interdite devant le spectacle qu’elle découvrit

Dylan était allongée sur son lit.

Profondément endormie.


*


La première réaction de Rachel fut plutôt négative. Super ! pensa-t-elle, elle s’est couchée avec des vêtements qui ont trainé trois jours et trois nuits dans une gare !! Je vais pouvoir changer les draps !! Au moins, elle a pensé à retirer ses chaussures !!!

Mais elle eut honte de sa réaction mesquine.

Elle s’approcha doucement du lit. Elle est crevée... Trois jours et trois nuits dans une gare !! Incroyable !! Pourquoi ne m’a-t-elle pas contactée ?? Je l’aurais aidée... D’un autre côté, je ne suis pas allée la chercher à sa sortie de prison... Elle n’est pas idiote... Elle a compris le message...

Elle se pencha au-dessus de la jeune femme. Son visage était apaisé. Son souffle était si léger qu’on l’entendait à peine.  Elle est vraiment très belle... très attirante...  Bon, elle l’était déjà avant... Mais là... Maintenant qu’il n’y a plus cette inquiétude sur ses traits, cette angoisse...

Dylan se tourna. Elle a bougé !! Elle risque de se réveiller et je vais avoir l’air complètement idiot, penchée comme ça sur elle... Bon... Je vais la laisser dormir...

Rachel se dirigea vers la porte de la chambre et, jetant un dernier regard vers Dylan endormie, sortit de la pièce...


*


Rachel resta immobile quelques instants, indécise. Que devait-elle faire à présent ?

Dylan l’avait rassurée.

Surtout parce qu’elle n’avait rien tenté contre elle. Alors que, si elle l’avait voulu, elle aurait pu la trucider de toutes les façons imaginables pendant la nuit... 

Mais elle devait bien reconnaître qu’elle n’était pas complètement rassurée. Tibbs avait instillé un doute dans son esprit. Et ce doute était tenace.

Devait-elle appeler la Police ? Elle repoussa cette idée... Elle aurait bonne mine !! L’avocate qui appelle les flics parce qu’elle a peur de sa cliente qu’elle vient de faire acquitter !! Le ridicule ne tue pas mais quand même, il y a des limites...

Tout à coup, elle eut une idée.

Dylan devait avoir un sac. Un bagage quelconque dans lequel elle avait dû garder quelques affaires... Elle y trouverait peut-être la preuve de son innocence ou de... sa culpabilité...

Ce sac devait être dans la maison.

Elle commença à faire le tour des pièces. Passant d’un étage à l’autre. Marchant dans les pas de Dylan. Qu’avait-elle dit ? Ah oui !! Elle a parlé de mes livres !! 

Elle entra dans la pièce qui servait à la fois de salon et de bibliothèque.

Gagné !! se dit-elle en voyant un sac militaire en toile beige posé près d’un canapé. Elle s’en approcha et s’apprêtait à l’ouvrir quand d’ultimes scrupules l’en empêchèrent. Non !! Je ne peux pas fouiller dans ses affaires !! Je n’en ai pas le droit !! Fais-lui un peu confiance bon sang !!

Alors, elle saisit le sac et alla le déposer dans la chambre d’ami.


*


Rachel avait fini par prendre, seule, le petit déjeuner interrompu de si curieuse façon.

Elle s’était dit que le mieux était de vivre comme elle l’aurait fait si Dylan n’avait pas surgi au beau milieu de son samedi.

Après un brunch rapide et une douche tout aussi rapide, elle était sortie faire quelques courses.

Elle avait fermé la porte de sa maison, souriant à l’idée que Dylan se trouve de nouveau en prison. Mais c’était quand même une prison infiniment plus confortable et plus vaste que sa cellule du pénitencier de Rykers Island.

D’ailleurs, il était vraisemblable que Dylan ne se rendrait même pas compte de son absence. Avant de partir, elle avait doucement entre-ouvert la porte de sa chambre et vu que Dylan dormait toujours.

Rachel se rendit à une épicerie fine où elle trouvait toujours ses produits préférés. Le samedi était le seul jour où elle pouvait se consacrer à ses taches domestiques, le reste de la semaine étant totalement dévoré par son travail, ses clients et ses amis.

Son panier amplement garni à la main, un sac jeté en bandoulière sur son épaule, elle s’arrêta sur le chemin du retour pour acheter le New York Times.

Elle sourit en lisant l’un des titres de la première page. «La Police de New York toujours à la recherche du tueur aux glaçons»

Tibbs avait raison. Fameuse idée qu’elle avait eu là ! Si elle avait pu demander des royalties à tous ceux qui utilisaient cette formule, elle serait devenue millionnaire !!

Elle revint chez elle en chantonnant doucement. Tiens ? Elle était particulièrement heureuse de rentrer chez elle... Parce Dylan y était ?? Elle haussa les épaules. Comment ne pas être heureuse de revenir dans une maison si merveilleuse qui a vu s’épanouir l’amour de mes parents ?

Elle ouvrit la porte, toujours fermée à double-tour, et entra. Elle se dirigea vers la cuisine où elle déposa ses commissions. Je me demande si Dylan dort toujours... Sûrement. Je ne suis sortie que pendant une petite heure... Je vais aller voir...

En prenant d’infinies précautions, elle ouvrit de nouveau la porte de la chambre, et resta figée. Les draps étaient froissés mais le lit était vide. Dylan n’y était plus.

Elle entra pour inspecter chambre et dressing. Vides eux aussi.

Alors, Rachel sortit de la chambre et se mit à parcourir toutes les pièces de la maison, une à une, à la recherche de la jeune femme. Dans la chambre d’ami, elle retrouva son sac militaire en toile beige. Mais pas trace de sa propriétaire.

Bientôt, Rachel dut se rendre à l’évidence. Dylan avait disparu.

Elle fut prise d’un début de panique. Et si elle était là, prête à lui tomber dessus ? À la tuer. D’un seul coup de poing sec à la tempe ?? On était samedi après tout... Et les crimes avaient toujours lieu un samedi !! Les meurtres aux glaçons n’étaient qu’une fable !!

Une fable qu’elle avait imaginée pour sauver Dylan !! Mais la vraie vérité, la seule c’était que Dylan tuait en frappant ses victimes !! Il fallait qu’elle trouve un endroit où elle pourrait lui échapper... Mais où aller ?


*


De façon désordonnée, elle parcourut de nouveau les pièces de la maison à la recherche d’un endroit où se cacher.

Tout à coup, dans la petite salle à manger, elle sentit qu’elle marchait sur du verre. Elle tourna la tête. La baie qui permettait d’accéder à la terrasse était brisée.

Elle regarda autour d’elle, et remarqua une petite bille ronde en métal noir qui avait roulé sur le tapis. Elle la ramassa, stupéfaite.

Soudain, elle comprit.

Se précipitant vers la baie entre-ouverte, elle l’ouvrit en grand, faisant dégringoler les derniers morceaux de verre.

Elle s’arrêta au seuil de la terrasse, terrorisée par le spectacle qu’elle découvrit.

Dylan, uniquement vêtue du peignoir en coton qu’elle avait pris dans la salle de bains, était allongée, la joue contre le sol. Immobile.

Elle semblait dormir. Mais d’un sommeil dont on ne se réveille pas.

Rachel tomba à genoux près du corps de la jeune femme. Ses larmes jaillirent. Et, des sanglots dans la voix, elle se mit à hurler. Dylan !! Non !! C’est pas vrai !! Dylaaaaaaan !!!


*


Rachel était totalement désemparée. Elle ne savait pas quoi faire. Elle ne connaissait pas les gestes qui pouvaient sauver.

Elle posa une main hésitante sur le front de Dylan. Elle écarta les courts cheveux qui recouvraient la tempe droite. Mais elle avait peur d’aggraver l’hématome en pesant trop fort. Ses doigts frôlèrent sa peau, si douce.

Elle redoutait par dessus tout de découvrir la blessure mortelle. Mais elle ne vit rien. Ni sang, ni plaie.

Ça ne voulait rien dire si l’hémorragie était interne. Le cerveau pouvait avoir souffert sans qu’aucun symptôme apparent ne le trahisse.

Dylan ne bougeait pas. Alors Rachel replia ses doigts, gardant au creux de son poing serré, la chaleur de sa peau.

Elle baissa la tête, arrondissant le dos sous le poids de son chagrin. Ses larmes l’aveuglaient et elle balbutia Dylan... Dylan... Pardon... Ô pardon d’avoir douté de toi... Comme j’ai été stupide... D’une stupidité criminelle... Comment ai-je pu croire que tu étais le tueur ? J’ai ma réponse à présent... Puisque tu es sa victime... Dire que nous aurions pu vivre tant de choses... Tant de choses... Si j’avais été moins stupide... Si seulement j’avais cru en toi...


*


Elle restait prostrée, agenouillée auprès du corps de Dylan. Étrangère à ce qui l’entourait et qui n’était pas sa peine.

Elle ne remarqua pas que les sirènes des voitures de Police, si familières aux habitants de New York qu’ils ne les entendaient même plus, hurlaient dans sa rue avec une intensité et une force particulière.

Elle n’entendit pas le craquement lugubre de sa porte d’entrée qui explosait sous le choc d’un bélier métallique, ni les pas lourds et précipités qui ébranlaient les escaliers de sa maison.

Mais tout à coup, elle leva la tête, éberluée de se voir entourée de six policiers du Emergency Service Unit habillés de noir, bottés et casqués, un pistolet mitrailleur à la main.

Deux d’entre eux obligèrent Rachel à se lever et l’écartèrent. - Ne restez pas là !! Mettez-vous à l’abri !!

Un autre s’agenouilla près de Dylan et posa sa main sur son cou, à l’emplacement de la veine carotide. Il hurla - Son coeur bat toujours !!! Faites venir les secours !.. Vite, vite !!!

Rachel se laissa conduire dans la salle à manger. Mais son cerveau allait à une allure folle. Il répétait en boucle  Son coeur bat toujours... Son coeur bat toujours...

Elle vit passer en courant un homme revêtu d’un gilet pare-balle. Il tenait une mallette de secours à la main. Il se pencha sur Dylan et palpa rapidement son crâne. Puis il jeta quelques ordres brefs. - Il ne faut pas la laisser là !! On va la déplacer !! Se tournant vers Rachel. -  Conduisez-nous dans une pièce où je pourrai l’examiner...

- Dans sa chambre... Suivez-moi... Je vais vous montrer... répondit Rachel.

Deux policiers, le pistolet-mitrailleur en bandoulière, soulevèrent Dylan avec d’infinies précautions. Le médecin maintenait sa tête. Ils suivirent Rachel jusqu’à la chambre d’ami où elle avait posé le sac militaire de la jeune femme.

- Laissez-nous à présent... ordonna le médecin après que Dylan ait été allongée sur le lit.

Rachel sortit à regret, suivie des deux policiers.

Elle resta devant la porte, se rongeant l’ongle du pouce, un réflexe contre lequel elle essayait de lutter depuis l’enfance, mais qui revenait systématiquement quand elle était angoissée.


*


Les minutes passaient comme des heures... Rachel ne savait pas comment combler son attente.

Il ne lui venait pas à l’idée de s’interroger sur la présence dans sa maison du groupement d’intervention rapide de la Police de New York....

Ou plus exactement, elle ne voulait pas savoir... Car il était trop évident qu’ils étaient venus pour arrêter Dylan... Quels indices avaient-ils trouvés pour pouvoir de nouveau l’accuser ???

Elle en était là de ses réflexions désespérées, quand une voix familière lui fit lever la tête. - Maître Peabody ?? Tout va bien ?? Vous n’êtes pas blessée ??

- Lieutenant Tibbs ? Vous êtes là vous aussi ?? Non, ça va. Je n’ai rien... Dylan ne m’a pas touchée...

- J’en suis désolé pour vous, rétorqua Tibbs avec un petit sourire. Mais je ne vous parlais pas d’elle... Mais du tueur...

- Du tueur ??? Mais de quel tueur parlez-vous ? répondit Rachel en rougissant jusqu’aux cheveux en entendant l’allusion de Tibbs et en constatant qu’elle avait de nouveau accusé Dylan à tort. Et devant lui.

- Mais du vôtre, Maitre Peabody. De votre «tueur aux glaçons» Sauf qu’il a changé d’outil. Il préfère les armes à air comprimé et les billes de métal.

- Comment le savez-vous ?

- Parce qu’on vient de l’arrêter en flagrant délit. On avait truffé la High Line de flics en civil... Et ça n’a pas loupé. On l’a surpris en train de canarder votre immeuble... Avec un pistolet à air comprimé... À plus de cent mètres, il ne pouvait plus utiliser un lance-pierre...

- Qui est-ce ???

- Un type parfaitement banal. Sauf sa passion des armes. Il n’a opposé aucune résistance et il nous a conduits chez lui. Là, on a trouvé de tout. Armes à feu. Arcs. Arbalète. Couteaux... Et j’en oublie... Une véritable armurerie... À force de les collectionner, il a fini par avoir envie de s’en servir... Mais il a voulu se singulariser en tuant d’une façon «extraordinaire»

- Ma théorie était la bonne ? Il utilisait bien un lance-pierre et des glaçons ?

- Oui. Vous aviez raison. Il se mêlait aux jardiniers de la ville qui nettoient les jardins de la High Line tous les samedis. Comme ça, il pouvait dissimuler arme et projectiles et il n’attirait pas l’attention. Vous aviez parfaitement deviné. Bravo Maître Peabody. Vous feriez un merveilleux détective... Si un jour vous en avez assez du Barreau, appelez-moi. Je vous donnerai immédiatement votre insigne de flic...

- Merci Lieutenant... Je ne dis pas non... Sait-on jamais...

- Comment va Madame Hederson ? C’est vous que le tueur cherchait à atteindre, vous savez... Il nous l’a avoué... Il voulait se venger de vous parce que vous avez mis un terme à son petit jeu mortel. Mais il ne voulait pas s’arrêter sans faire une «belle sortie». Il voulait la mort de l’avocat qui avait tout compris... Dylan a pris pour vous... Je suis désolé d’avoir douté d’elle... Même après que vous avez brillamment obtenu son acquittement... Mais son innocence était difficile à admettre... Je m’excuse...

- Ne vous excusez pas Tibbs. Moi aussi, j’ai douté d’elle... Il y a encore quelques minutes...

Tibbs se sentit désarmé devant les larmes qui coulaient sur les joues de Rachel. Maladroitement, il posa la main sur son épaule. - Elle va sûrement s’en sortir, Maître Peabody... Gardez espoir...

- Je ne sais pas... Elle ne bougeait plus... J’ai tellement peur... Et j’ai tellement honte... D’avoir cru qu’elle avait tué...

Elle ne put en dire plus car le médecin sortit de la chambre de Dylan.

Rachel se précipita vers lui. Mais il ne lui laissa pas le temps de l’interroger - Bon ce n’est rien. Plus de peur que de mal. Elle n’a aucun traumatisme... Elle a repris conscience et elle m’a tout expliqué. Elle s’est bêtement assommée en se jetant au sol pour échapper aux tirs. Il faut simplement lui mettre une compresse froide sur le front. Une compresse ou... de la glace... Il faut aussi qu’elle se repose...

Tibbs se mit à rire. - Et bien vous voyez ? J’avais raison.... Vous aviez tort de vous inquiéter... Madame Hederson est une dure à cuire... Allez, je vous laisse vous occuper d’elle. Je vais voir où en est l’équipe scientifique qui devait relever des indices sur votre terrasse. Et le menuisier qui doit réparer votre porte qu’on a démolie pour entrer chez vous...


*


Restée seule, Rachel frappa timidement à la porte de Dylan. Elle entendit un Entrez et poussa la porte.

Dylan était allongée sur le lit, adossée à un coussin, le peignoir légèrement entrouvert. Elle sourit à Rachel. - Le docteur m’a dit qu’il m’envoyait une infirmière... Je ne pensais pas que ce serait vous...

- Je peux en appeler une si vous préférez...

- Non. Je ne préfère pas... D’ailleurs, je n’ai pas besoin d’une infirmière... Je me suis seulement fait une grosse bosse... J’ai compris qu’on me tirait dessus quand j’ai vu la baie vitrée exploser devant moi. Je me suis jetée au sol et... je me suis cogné la tête... Pas mal pour un soldat de retour d’Irak et d’Afghanistan ? Pas vrai ? On peut difficilement être plus maladroit. répondit Dylan en riant.

- La guerre est loin. Vous manquiez d’entrainement...

- Merci pour votre indulgence... Le docteur m’a dit qu’ils avaient fini par l’attraper... Enfin...

- Oui. Ils l’ont arrêté juste après qu’il vous a tiré dessus...

- Qui est-ce ?

- Un passionné des armes... De toutes les armes... Et qui a fini par s’en servir... Un monstre... Qui avait envie de tuer... Tout simplement...

- Je crois que ça n’est pas aussi simple... L’envie de tuer peut venir à tout le monde... J’ai eu cette envie... Quand j’étais à la guerre et que je voyais les copains se faire tuer... Quand je voyais les blessés des attentats à la bombe. Soldats ou civils, hommes, femmes ou enfants, jeunes ou vieux... J’avais envie de tuer. Ça aurait été si facile. En prendre un, un seul et l’abattre... Vous voyez... Nous avons tous notre part d’ombre...

- Mais vous, vous n’y avez pas succombé...

- Non. Moi, je n’y ai pas succombé. J’ai encore mal à la tête... Vous n’auriez pas une aspirine ???

- Le médecin m’a dit ce qu’il faut faire... Attendez-moi une minute, Je reviens tout de suite...

- Pas de problème... murmura Dylan. Je suis prête à vous attendre beaucoup plus qu’une minute...

Rachel sortit en souriant. Elle descendit rapidement l’escalier jusqu’à la cuisine. Elle constata que tous les policiers étaient partis. Ils avaient réparé la porte.

Elle se félicita de leur efficacité. Elle n’avait pas envie qu’on entre chez elle comme dans un moulin alors qu’elle s’y trouvait avec Dylan.

Quand elle revint, Dylan l’attendait toujours en souriant. - Quel est le médicament miracle recommandé par notre médecin ??

- Il m’a dit de vous mettre de la glace sur le front... Il n’y a pas mieux pour empêcher les bosses et soigner les maux de tête. Alors...

- Alors, vous avez apporté les glaçons en forme de balles de ping pong !!! Non merci !!! Je ne tiens pas à être soignée avec la même médecine que Dana, Kim, Beth et Helena !!!

- Je vais aller chercher une aspirine alors...

- Non. C’est inutile. J’ai une meilleure idée. Venez vous asseoir près de moi... Si vous posez vos mains fraîches sur mon front, je suis certaine que ma migraine passera toute seule.


*


Le peignoir de Dylan avait glissé, découvrant la rondeur d’une épaule et la naissance d’un sein. Elle portait un vestige de son uniforme militaire : un caleçon en coton qui s’arrêtait à la lisière d’un ventre plat.

Rachel la trouvait magnifique. Forte et féminine à la fois. Elle se sentait sur le point de succomber. Et d’ailleurs, pourquoi pas ? C’était si tentant de succomber... Si facile...

Rachel s’assit sur le bord du lit à l’endroit que Dylan avait tapoté de la main. Tout près d’elle.

Elle restait immobile, tenant toujours la pochette en plastique qui contenait les glaçons. Tout doucement, Dylan la lui prit des mains et la posa au sol. - Nous n’avons pas besoin de ces glaçons, Rachel... Peut-être plus tard...

- Rachel ? Seulement Rachel ? Il n’y a plus de «Maître Peabody» ? s’étonna la jeune femme dans un sourire.

Dylan s’approcha encore. - C’est un peu trop cérémonieux... Vous ne trouvez pas ? Nous n’en sommes plus là...

- Nous n’en sommes plus là ? Vraiment ? Et où en sommes-nous Dylan ? Où allons-nous vous et moi ?

Dylan plongea son regard dans le sien. - Nous irons où vous le voudrez Rachel... Quand vous le souhaiterez... Je ne veux rien brusquer... Je ne veux rien exiger... Mais vous, vous pouvez tout exiger de moi...

- Je peux tout exiger ? Et vous vous soumettrez à toutes mes volontés ?

- Oui. Ordonnez et j’obéirai... affirma Dylan dans un petit rire.

Sa voix rauque et chaude était comme un filtre magique, ensorcelant, qui abattait les dernières résistances de Rachel. Dylan s’approcha encore. Si près. Si près que leurs lèvres se touchaient presque.

Dans un souffle, Rachel répondit - Très bien. Voici mes ordres Dylan. Le médecin a dit que vous aviez besoin de repos. Alors, vous allez vous reposer. D’autant que vous venez de reconnaître que vous aviez la migraine. Je sais trop ce que c’est. C’est si désagréable... Je vais vous laisser. Essayez de dormir un peu. À tout à l’heure...

Puis sans plus un mot, elle se leva, marcha vers la porte de la chambre qu’elle ouvrit et sortit de la pièce sans se retourner.

Dylan regarda la porte se refermer sur elle, et, se laissant retomber sur le coussin, elle soupira. - Mon Dieu... Quel supplice...


*


Les heures avaient passé.

Rachel regardait le soleil se coucher sur New York, incendiant la ville de ses dernières lueurs avant le crépuscule et la nuit.

Tout à coup, elle entendit un léger bruit et se retourna. Dylan était là au seuil de la pièce. Elle était habillée et avait jeté son sac militaire sur son épaule.

Rachel comprit immédiatement qu’elle partait. Et immédiatement elle eut envie de la retenir. Mais comment faire ? Peut-être le moment était-il venu de lui dire ce qu’elle ressentait ??? Mais elle se contenta de questions banales - Ça va mieux Dylan ? Vous avez pu vous reposer ? Votre migraine est terminée ?

- Oui merci. Ça va beaucoup mieux. Ma migraine est passée.

- Tant mieux. Vous avez pu dormir un peu ?

- Oui. Un tout petit peu. J’ai surtout beaucoup réfléchi...

- Ah oui ? Et à quoi ?

- Et bien... À beaucoup de choses... Je me suis rendue compte que depuis mon acquittement, je n’avais pas eu l’occasion de vous remercier pour tout ce que vous avez fait pour moi. Pourtant, vous ne me connaissiez pas. Je sais que vous allez me dire que c’est votre job. Mais quand même... Vous avez changé ma vie... Je crois que la prison m’aurait démolie...  J’y aurais perdu mon âme en même temps que ma liberté... Je serais devenue un fauve... Je ne sais pas comment votre mère a pu tenir pendant trois longues années... Ô pardon, Maître Peabody, je suis d’une maladresse... Je vous rappelle de mauvais souvenirs...

- Aucune importance... Je vous l’ai déjà dit. Ma mère est très à l’aise avec ça... Elle m’en a parlé dès que j’ai été en âge de comprendre...

- Ça a dû être très dur. Ce n’était pas un endroit pour elle...

- La prison n’est un endroit pour personne... Il ne l’était pas plus pour vous qu’il ne l’était pour elle...

- J’ai été soldat. Je suis capable de me défendre. C’est bien pour ça qu’on m’a collé ses quatre meurtres sur le dos. Mais pour votre mère... Une artiste, une esthète...

- Elle a eu de la chance dans son malheur. Beaucoup de chance. Vous devez vous douter que les cours de dessin et d’histoire de l’art n’auraient pas suffi à la protéger... En fait, le directeur de la prison a eu pitié d’elle. Il l’a mise dans une cellule avec une détenue qui n’avait pas de sang sur les mains. Qui ne faisait pas partie d’un gang. Qui n’était mouillée dans aucun trafic. Mais qui savait se faire respecter. Maria était une femme jeune et athlétique. Et elle a protégé ma mère.

- Pourquoi l’a-t-elle fait ?

- Parce que Maria était amoureuse d’elle, je présume...

- Elles étaient amantes ?

- Je ne sais pas... Ma mère ne m’a rien dit à ce propos... Mais je présume que oui... Ce que je sais, c’est que l’homosexualité n’a jamais posé de problème à mes parents. Ni à mon père. Ni à ma mère...

- Pourquoi Maria était-elle en prison ?

- Maria était une ancienne championne de boxe thaï. Avec ses gains, elle s’était acheté une petite salle de sport. Mais elle était plutôt fâchée avec les chiffres. Alors, elle a pris deux ans de prison pour fraude fiscale. Et deux ans de plus pour avoir giflé l’inspecteur des Impôts qui l’avait contrôlée.

- Qu’est-elle devenue ?

- Elle est sortie de prison un an après ma mère. Mes parents l’ont aidée à créer un club de gym. Elle vit à San Francisco où elle est parfaitement heureuse. D’autant qu’elle a eu la bonne idée de tomber amoureuse... d’une experte-comptable qui s’occupe de ses déclarations fiscales. Entre autres choses...

- Votre père a accepté de l’aider ?? Alors que Maria était amoureuse de votre mère ??

- Mon père était avocat. Il n’ignore rien de ce qui se passe dans les prisons. Et il sait parfaitement ce que ma mère doit à Maria. Sans elle, elle aurait connu les brimades, la violence, les viols et la prostitution. Elle serait devenue la «chose» de toutes les détenues. Mais ça n’est pas arrivé. Grâce à Maria, elles l‘ont laissée tranquille. Grâce aux cours de dessin qu’elle donnait, elles l’ont respectée. Mais rien n’aurait pu être possible sans Maria... Alors, mon père ne pouvait rien dire...

- D’une certaine façon, Maria a protégé votre mère alors qu’il ne l’avait pas fait...

- Oui. C’est exactement ça... Et puis Maria faisait partie d’une autre vie... La vie de la prison avec laquelle ma mère avait rompu. Mon père n’avait pas de raison d’être jaloux... 


*


Dylan s’était tue. Elle était troublée. Émue par la confiance que Rachel lui témoignait en lui révélant un moment si intime de la vie de sa mère.

Rachel mit un terme à ce silence. - Mais... vous disiez que vous aviez réfléchi à beaucoup de choses... Quelles autres choses ?..

- Et bien... Je crois que j’ai eu tort de venir chez vous... Je n’en avais pas le droit. Et je vous ai fait peur... Je vous ai même accusée d’être le tueur aux glaçons. Quand j’y pense, j’ai tellement honte. Je pense aussi que vous m’avez assez vue. Alors, je vais vous laisser tranquille. Je vais partir...

- Vous allez retourner à Charleston ? Chez vos parents...

- Non. Je vais rester à New York. Je n’ai plus besoin de fuir cette ville maintenant que le tueur est arrêté et que mon innocence est définitivement établie. Je vais chercher du travail. J’ai plus de chance d’en trouver ici qu’en Caroline du Sud...

- Vous n’avez pas d’argent... Où allez-vous habiter en attendant de trouver du travail ?

- Je vais me débrouiller... Ne vous inquiétez pas pour moi...

- Vous allez vous débrouiller ? Comment ? En dormant encore sur les bancs d’une gare ?

- Non. J’ai deux ou trois amies qui accepteront peut-être de m’héberger...

Deux ou trois amies... Bien sûr... Bien sûr qu’elles accepteront... Naturellement, elles accepteront... Et je devine quel loyer elles vont te demander... pensa Rachel avec un pincement au coeur.

Dylan tendit la main vers elle. - Voilà. Je vais m’en aller à présent. Je veux vous remercier pour tout ce que vous avez fait pour moi. Sans vous... je serais en prison jusqu’à la fin de mes jours... Je ne pourrai jamais assez vous remercier. Les mots ne seront jamais assez forts pour traduire tout ce que j’éprouve... Merci Maître Peabody. Merci encore...

Rachel la regardait mais ne fit pas un geste pour saisir la main qu’elle lui tendait. Alors Dylan, déçue, la laissa retomber. - Bien. Adieu Maître Peabody.

Elle lui tourna le dos et s’apprêtait à quitter la pièce quand elle entendit. - Non ! Restez ici !

Dylan se retourna étonnée par la fermeté de la voix - Que je reste ici ? Ce n’est pas possible... Vous le savez bien...

- Je me moque de savoir ce qui est possible et ce qui ne l’est pas. C’est un ordre, Soldat Hederson. Et, vous avez promis de vous soumettre à toutes mes volontés. «Ordonnez et j’obéirai», c’est ce que vous m’avez dit... Vous ne vous en souvenez pas ?

- Si. Je m’en souviens très bien.

- Vous me devez cette obéissance. Je vous ai sauvé la vie. Comme vous venez de le dire, sans moi... Alors, je vous ordonne de rester... C’est un ordre. Un soldat comme vous sait ce qu’est un ordre n’est-ce pas ?

- Oui. Je le sais.

- Très bien. Alors, suivez-moi.

Rachel commença à gravir l’escalier qui menait aux chambres.

Dylan, obéissante, la suivait, quelques marches plus bas. Elle pouvait admirer la finesse des jambes révélées par la courte robe-chemisier.

Arrivées à l’étage des chambres. Rachel se tourna vers Dylan et lui prit la main. Elle murmura - Cette nuit, nous ne ferons pas chambres séparées. Viens...


*
Elles entrèrent dans la pièce qui était baignée par la lueur rose du soleil qui se couchait.

Dylan regarda rapidement autour d’elle. La chambre était grande mais le regard était immédiatement attiré par trois meubles qui la dominaient : le grand lit bien sûr, l’affiche lacérée du film Casablanca, mais, surtout, le fauteuil rouge...

Dylan le connaissait pour l’avoir vu dans des livres de design. Mais jamais, elle ne l’avait vu en vrai.

Son créateur lui avait donné le nom de Donna. La femme en italien. Mais il était surnommé Mamma à cause de ses énormes courbes suggestives. Il avait la forme stylisée d’une femme assise, les jambes en tailleur, la poitrine opulente.




Rachel lâcha sa main. Elle se déchaussa rapidement. Dylan l’imita. Pour cacher son émotion, elle plaisanta. - Je suis autorisée à pénétrer dans le sanctuaire ??

La voix rauque de Rachel s’éleva, agissant comme un charme sur ses sens. Le ton n’était plus impérieux. Il était suave. Une  invitation envoûtante à laquelle il était si facile d’obéir - Pénétrer ?? Mais oui... bien sûr... Mais pas si vite... Pas tout de suite... Pas trop vite... Prenons notre temps... Tu veux bien, Dylan ?...

Ô oui... pensa Dylan. Ô oui, elle le voulait bien... Elle répondit sur le même ton. Oui... Moi aussi j’aime prendre mon temps. Mais j’aime bien aussi quand ça va vite. En fait, je pense qu’avec vous, j’aimerais tous les tempos...

- Alors, nous les essaierons tous... Je te le promets... Mais d’abord... faisons un peu mieux connaissance...

Tout en parlant, Rachel vint s’asseoir dans le fauteuil. Il était large. Si large que deux corps auraient pu y tenir. Étroitement enlacés.

Des images érotiques passèrent devant les yeux de Dylan. Elle ne pouvait pas s’empêcher de frémir car, au milieu de ces images, il y avait Rachel. Et elle...

Alors pour dissimuler son trouble de plus en plus grand, elle tenta de plaisanter encore. - Je n’aime pas la façon dont Bogart et Bergman me regardent dit-elle en désignant du menton les deux acteurs sur l’affiche.

- Alors, ignore-les. Tu ne dois te préoccuper que de moi...

Dylan protesta d’une petite voix - Je pense que ce serait plus facile si vous étiez plus près...

Rachel croisa lentement les jambes. Elle répondit - Ne sois pas si pressée... Déshabille-toi...


*


Dylan hésita quelques fractions de seconde puis elle obéit. Ne devait-elle pas lui obéir en tout ?...

Debout devant Rachel, elle ouvrit sa chemise, un bouton après l’autre, et en écarta les pans. Puis, doucement, le vêtement glissa le long de ses bras. Elle le laissa tomber au sol en un mouvement aérien.

Rachel la regardait en souriant. - Bien... Très bien...  Le jean à présent...

Dylan défit sa ceinture et ouvrit le pantalon. Il tomba. Elle le repoussa du pied. Elle resta ainsi, en sous-vêtements, les jambes légèrement écartées, les mains posés sur les hanches.

Rachel laissait courir son regard le long des épaules larges. Il s’appesantit sur les petits seins ronds emprisonnés sous le soutien-gorge, puis il suivit la ligne du ventre ferme et des cuisses, enserrées dans le boxer short.

Elle se leva et s’approcha de Dylan en murmurant - Ce que je vois me plaît. Me plaît beaucoup même...

Elles étaient face à face. Dylan faisait un effort surhumain pour ne pas céder à ses pulsions. Elle rêvait de l’enlacer et de la prendre sur ce fauteuil aux rondeurs lascives. Une véritable invitation à l’amour !!!

Mais elle résista puisque c’était la volonté de Rachel. Alors elle attendit un nouvel ordre, en priant silencieusement pour que cet ordre soit une réponse, enfin une réponse à ses désirs.

Rachel souriait en voyant trembler Dylan. Elle savait que ce n’était pas de froid.

Posant une main sur ses fesses, elle l’attira vers elle et écrasa ses lèvres sous les siennes en un baiser impérieux et vorace...

Dylan se sentit défaillir. Elle avait tellement rêvé de ce moment qui lui paraissait si inaccessible quand, seule au fond de sa cellule de la prison de Rykers Island, elle se croyait définitivement perdue et condamnée. Quand, fermant les yeux, l’image de Rachel apparaissait sur l’écran de ses paupières.

Elle posa ses mains sur ses hanches et appuya son ventre contre le ventre de Rachel. 

Elle avait envie de lui arracher sa robe afin de sentir sa peau contre la sienne. Mais elle se retint puisqu’elle devait continuer à jouer au jeu de Rachel. Le jeu de la maîtresse et de sa servante.


*


Dylan ne put empêcher un soupir, presque douloureux tant elle la désirait, de passer ses lèvres...

Rachel s’écarta en riant. - Je t’ai fait mal ?? On peut arrêter si tu veux...

Dylan cria presque son refus - Non !! Ô non !! Vous savez très bien que je ne le veux pas !! Vous savez très bien ce que je veux... Vous jouez avec moi... Qu’est-ce que vous attendez de moi ? Que je vous supplie ??

- Tu le ferais ?

- Vous savez bien que oui... Pour vous avoir, je ferais n’importe quoi...

- Tu pourrais tuer ??

- Oui. Je crois que j’en serais capable...

- Ça ne sera pas nécessaire... Assieds-toi dans ce fauteuil... Il s’appelle Donna. Il est exactement fait pour nous...

- Et pour d’autres... Je présume que je ne suis pas la première à m’y asseoir... ne put retenir Dylan que la jalousie tenaillait déjà.

- Non. Tu as raison... Tu es... la seconde... Après moi... Il n’a été le compagnon d’aucune étreinte avant les nôtres. Il est... vierge en quelque sorte. Assieds-toi...

Dylan obéit de nouveau. Le fauteuil, gigantesque, l’engloutit. Elle sentit la douceur du tissu contre son dos et ses cuisses. Elle posa sa tête entre ses seins ronds.


*


Rachel restait silencieuse face à elle.

À son tour, elle se déshabilla.

Elle pouvait voir le désir obscurcir le regard de Dylan alors que lentement le fin tissu dévoilait son corps.

Bientôt, elle fut nue, totalement nue devant elle.

Dylan caressa des yeux les courbes sensuelles.

Elle aurait tant voulu poser ses lèvres sur cette nudité qui s’offrait à son regard. Elle se sentait déchirée par le désir qui montait en elle comme une vague.

Mais un ordre claqua, de nouveau. - Ferme les yeux. Ferme les yeux Dylan.

Dylan ferma les paupières, hypnotisée. Soumise.

Soudain, elle sentit le corps tant convoité contre le sien et voulut l’enlacer. Mais Rachel la repoussa. - Non. Ne me touche pas... Ne me touche pas... Tu n’as pas le droit. Je ne t’en ai pas donné le droit...

Dylan obéit encore, totalement asservie.

Mais elle savait qu’elle ne l’aurait fait pour personne d’autre qu’elle. Alors elle enfonça ses poings dans la mousse du fauteuil.


*


Perdue dans cette cécité qui lui était imposée, elle sentait la caresse douce des doigts sur son cou et son visage. Une main glissa dans son dos, et dégrafa prestement son soutien-gorge.

Elle brûlait du désir de saisir Rachel dans ses bras. Mais elle ne le pouvait pas. Elle était prisonnière consentante de sa volonté impitoyable.

Des lèvres glissaient sur sa peau, légères comme un souffle. La langue traçait des arabesques sur sa poitrine, s’attardant sur la pointe de ses seins.

Dylan gémissait doucement.

Elle se cambra pour venir à la rencontre du corps  chaud de Rachel. Mais celle-ci la repoussa encore. - Non !! fut le seul mot qu’elle prononça.

Rachel poursuivait ses caresses. Ses doigts s’attardaient sur le ventre de Dylan, jouant avec son nombril.

Puis tout à coup, Rachel saisit le shorty et le lui retira.


*


Les doigts fins suivaient les muscles de ses cuisses en de lentes caresses.

Tout à coup, un genou glissa entre ses jambes et la peau contre son sexe la fit gémir. Dylan souleva les hanches pour accentuer la pression mais Rachel brisa le contact en s’éloignant encore.

Alors Dylan se mit à la supplier - Non, ne t’en va pas... Ne t’arrête pas... Je t’en prie.

Elle tenta de retenir Rachel mais celle-ci la repoussa encore. - Ne bouge pas... Ferme les yeux. Attends-moi...

Dylan ne put retenir un sanglot quand sa main se posa sur son sexe...


*


Rachel vint contre elle. Son corps nu épousait enfin le corps nu de Dylan. Il bougeait contre le sien en un rythme obsédant. Sa bouche cherchait la sienne.

Ignorant ses ordres, Dylan saisit ses hanches. Elle voulait tellement sentir sa peau palpiter sous ses mains. Elle redoutait encore d’être repoussée. Mais il n’en fut rien.

Rachel la laissa faire alors que les doigts caressaient son clitoris gonflé.

Dylan supplia encore contre ses lèvres. - Fais-moi jouir, je t’en supplie... Fais-moi jouir...

- C’est moi qui décide... chuchota Rachel...

Dylan avait perdu tout contrôle. Rachel était le seul maître de ses sens.

Tout à coup, elle glissa en elle.

Le corps de Dylan se cambra et tressaillit alors qu’elle se fermait sur les doigts de son amante.

Ses cuisses tremblaient. Une  chaleur intense envahissait son ventre, caressait ses reins... Le feu montait en elle pour la conduire au sommet de l’extase.

Ses lèvres laissèrent échapper un cri au moment où un plaisir barbare la délivra...


*


Les amantes étaient silencieuses.

Par la baie vitrée on pouvait voir que la nuit était tombée sur New York. Les fenêtres éclairées des immeubles voisins étaient comme autant de lucioles brillantes dans l’obscurité.

Les deux jeunes femmes étaient pelotonnées l’une contre l’autre dans le grand fauteuil rouge. Elles étaient merveilleusement bien.

Rachel s’était assise sur la cuisse de Dylan qu’elle avait enserrée dans les siennes. Elle avait posé sa joue sur son épaule. Son souffle caressait son cou.

Dylan avait trouvé l’apaisement de son corps et de son désir.

Elle reprenait lentement son souffle en écoutant les battements de son coeur qui, peu à peu, ralentissait sa course folle.

Elle entoura la taille de Rachel de son bras. Une main reposait sur son ventre, l’autre sur sa cuisse.

Elle la serra contre elle. Elle ne voulait pas qu’elle fuit encore. Elle ne voulait pas que Rachel puisse lui échapper.

Elle effleura son front de ses lèvres. Elle murmura. - Tu as joué avec moi... Un jeu légèrement sado-maso !!

- Très très légèrement sado-maso !! Il n’y avait ni fouet, ni collier de chien, ni menottes !!

- Des menottes ?? Merci bien !! La Police de New York m’a déjà offert de très jolis bracelets pendant trois semaines...

- Mais tu n’as pas aimé notre petit jeu ??

- Si j’ai aimé... J’ai adoré... Mais j’avais imaginé que notre première fois serait plus... comment dire... plus classique... répondit Dylan en riant.

- Mais notre nuit n’est pas terminée... Elle ne fait que commencer...


*


- Notre nuit ne fait que commencer ??? Quelle délicieuse perspective... Vraiment délicieuse... Et que nous proposes-tu à présent ?? murmura Dylan dans le même rire.

- Je propose que nous continuons à faire connaissance...

- Hummmm... tout à fait d’accord... l’interrompit Dylan. J’adore ta façon de faire les présentations...

- ...en bavardant un peu...

- En bavardant ?? Je t’avoue que j’espérais quelque chose de mieux !..

- Tu es insatiable !!!

- Ô oui c’est vrai. J’ai faim !!! Je suis affamée !!! Et tu as tout ce qu’il faut pour apaiser ma faim !!! Tu est si belle... Si magnifique... Jamais je n’avais rencontré une femme aussi belle...

- Tu n’exagères pas un peu ???

- Quand je dis que tu es magnifique ??? Non. Je n’exagère pas. Vraiment pas... Je ne suis pas quelqu’un qui exagère...

_ Admettons... Après tout c’est très agréable d’entendre dire qu’on est magnifique... Par contre, je suis persuadée que tu as rencontré de nombreuses femmes infiniment plus belles que je ne le suis...

- Non. Je ne t’ai pas menti. En fait je ne t’ai jamais menti. Je ne te mentais pas quand je te disais que j’étais innocente des quatre crimes dont on m’a accusée. Je ne te mens pas aujourd’hui non plus...

- Tu ne mens jamais ??? Mais c’est très dangereux !!! Un petit mensonge de temps en temps, c’est très utile !! C’est même indispensable... Et je sais de quoi je parle puisque je suis avocat...

- Et bien moi je ne le suis pas Maître Peabody... Alors, je ne mens pas...

- Très bien... Alors jouons au jeu de la vérité... Parle-moi des femmes que tu as rencontrées...

- Encore un jeu !!! Pourquoi pas... Que veux-tu savoir ?...

- Et bien... pour commencer... quels genres de femmes aimes-tu ?...

- J’aime tous les genres de femmes... Pour moi, chacune d’entre elles a quelque chose... Le charme. L’intelligence. Ou l’humour. Quelque chose de fragile ou d’attendrissant. Une blessure qu’on veut soigner. Une souffrance qu’on veut guérir... 

- Mon Dieu... Comme tu en parles bien...

- Je n’ai pas de mal. Quand on est comme moi, exclusivement attirée par les femmes, on connaît le sujet par coeur. Alors on sait en parler... Bien sûr, je ne peux aimer charnellement que celles qui m’attirent physiquement...

- Ouf !! Tu me rassures !! Quelle concurrence sinon !!! Je ne me voyais pas lutter contre toutes les femmes qui vivent sur terre !!!

- Tu sais très bien que tu n’as pas besoin de lutter. Il te suffit de paraître... Si tu savais ce que j’ai ressenti quand je t’ai vue pour la première fois dans cette salle d’audience... J’étais si désespérée et toi... tu étais si belle. Je ne remercierai jamais assez ce juge qui t’a obligée à assurer ma défense !!! Je crois que je pourrais lui élever une statue !!

- Ne change pas de sujet de conversation !!! Et ne cherche pas à m’attendrir avec ce genre de souvenirs !!! Les boîtes comme le Lady Marlene sont ton terrain de chasse ??

- Oui et non. Je vais dans ces boîtes pour faire des rencontres bien sûr. Mais aussi, pour me sentir moins seule...

- Tu as peur de la solitude ?

- Je n’ai pas peur d’être seule... Je l’ai été si souvent... Au collège. Parce que je refusais de sortir avec les garçons. À l’Armée. Parce que je n’avais pas le droit d’être ce que je suis. La solitude est une vieille compagne... Non. J’avais peur de passer à côté de quelqu’un... De rater celle qui remplirait ma vie...

- Et tu croyais que tu pouvais la rencontrer dans ces boîtes ??

- Je l’ai cru. Je ne le crois plus... Depuis que je l’ai rencontrée dans une salle d’audience...

Elles se turent quelques secondes. Rachel vint poser ses lèvres sur celles de Dylan en un baiser très doux. Puis, elle laissa reposer sa tête sur son épaule.

- À votre tour Maître Peabody !!! À votre tour de répondre à mes questions...

- Très bien... Je t’écoute...


*


Dylan chuchota - Et bien... Quand je t’ai vue la première fois, je me suis dit «Mon Dieu qu’elle est belle !!» et aussi «quel dommage qu’elle soit hétéro !!» J’étais persuadée que tu l’étais parce que tu m’as regardée comme si j’étais une... une flaque de boue !!!

- Tu exagères !!! Pas comme une flaque de boue !!! D’ailleurs, je t’ai à peine regardée. Je partais en vacances, et...

- Et mon affaire ne collait pas avec ton planning !!! J’ai eu l’impression de tomber comme une mouche dans ta soupe !!! Et après, j’ai vraiment cru avoir à faire à une incorrigible hétéro...

- Ça ne t’a pas empêchée de me faire des allusions salaces et de me draguer !!!

- Te draguer ??? Me souviens pas... C’est possible après tout. C’est comme un réflexe chez moi. Dès que je vois une femme qui me plaît...

- Ça promet !!! Je peux préparer les mouchoirs...

- Non. Tu n’auras jamais besoin de mouchoirs !! Parce que tu n’en auras jamais besoin avec moi !! Parce qu’il est impossible que je rencontre quelqu’un qui me plaise plus que toi. C’est absolument impossible... Mais revenons à notre interrogatoire...

- Super !!! Pourquoi j’ai l’impression de me retrouver dans une salle d’audience ??

- Tu ne risques pas la prison à perpétuité !!!

- Et pourtant, j’aimerais bien être enfermée toute la vie dans la même cellule que toi... 

- Le projet est à l’étude... Mais d’abord réponds-moi... Tu dissimules parfaitement ce que tu es... A tel point que moi, qui suis pourtant une experte, je m’y suis trompée... Pourquoi le fais-tu ???

- Je ne dissimule rien... Je me comporte comme n’importe quelle autre femme le ferait. C’est tout. Ce n’est pas parce que j’aime les jupes, les robes et les talons hauts que je suis moins lesbienne que toi... Je revendique mon droit à la féminité !!! Par contre, je constate que tu as des préjugés... Pour toi, une lesbienne est forcément un peu «mec» sur les bords...

- Pas du tout !! Pas du tout !! Mais tu sais très bien que tu crées une confusion dans les esprits...

- Et dans les coeurs !!! J’espère !!

- Et dans les coeurs bien sûr... Ne me dis pas que tu n’as jamais été draguée par un homme...

- Bien sûr que si !!! Mais tout comme toi, je présume...

- Non. Moi, c’est rare... Mon côté «mec», comme tu dis, doit les refroidir... Et c’est tant mieux... Mais quand ça t’arrive, que fais-tu ??

- A ton avis ?? Je les décourage  naturellement. Mais je le fais gentiment. Sans agressivité. Inutile d’être odieuse... Les hommes ne sont pas mes partenaires... Mais ce ne sont pas mes ennemis... Je leur dit qu’ils n’ont aucune chance avec moi. Mais qu’il peuvent me présenter leur soeur ou leur cousine...

- Et que disent-ils ?

- Comme toi... «J’étais persuadé que vous étiez hétéro» répondit Rachel dans un rire. Les hommes et toi avez les mêmes préjugés. Une femme très féminine ne peut pas être une homo pur sucre !!! Puis, généralement, ils continuent en disant «Quel gâchis !!!». Enfin, ils me proposent de faire ma «rééducation» comme si j’étais une malade qu’on peut guérir à condition de lui donner le bon partenaire... D’autres me proposent de venir avec une amie... Ou plusieurs !!!

- Ça te pose des problèmes dans ton métier ??? Parce qu’à l’Armée...

- Non. Aucun. Le milieu judiciaire n’est pas particulièrement homophobe ou lesbophobe... L’essentiel c’est que je fasse correctement mon travail... Pour le reste, c’est ma vie privée... Moi, je ne les interroge pas sur leurs petites manies. Je ne leur demande pas avec qui et comment ils font l’amour... Et même, je m’en fiche complètement. Je réclame la même indifférence...

- Je ne crois pas que ce soit si simple. Marty par exemple...

- Et bien quoi Marty ?

- Tu lui plais. Et il me déteste. C’est d’ailleurs grâce à lui que j’ai compris que je ne t’étais pas totalement indifférente...

- Marty te détestait parce qu’il pensait que tu étais une tueuse en série. Il espérait un peu mieux pour sa vieille copine !!!

- Je ne peux pas croire que Marty ne soit pas amoureux de toi !!

- Et pourtant si !! Je crois qu’il me trouve un peu maigrichonne...

- Maigrichonne ?? Mais il est fou !! s’exclama Dylan, horrifiée.

- Les critères esthétiques de Marty ne sont pas les nôtres !!! Et heureusement !! Sinon, je devrais me gaver de hamburgers !!! répondit Rachel en riant.

- Prétendre que tu es maigrichonne alors que tu es... si... si... Les mots me manquent...

- Alors si les mots te manquent... Agis !...

- Agir ??? Moi je veux bien... Mais comment ?? Donne-moi une idée...


*


Sa phrase fut étouffée sous un long baiser de Rachel.

Répondant à cette attaque, Dylan se mit à mordiller ses lèvres qu’elle semblait vouloir dévorer.

Ses mains suivaient la ligne de sa nuque et de son dos. Elles s’attardèrent longuement dans le creux de ses reins.

Enfin, Dylan posa ses mains sur les fesses de Rachel et les caressa doucement. Elle fit glisser ses doigts sur leur sillon si sensible jusqu’au pli secret qu’elle agaça.

Rachel se mit à gémir. Elle se souleva très légèrement afin d’aider son amante à la parcourir. Soudain, elle sentit le satin de la cuisse de Dylan contre son sexe.

Posant ses mains sur les épaules de Dylan, elle se balança lentement tout d’abord, puis de plus en plus rapidement, accentuant les frottements contre sa cuisse.

Elle avait rejeté la tête en arrière, totalement abandonnée à cette chaleur qui la pénétrait. Puis au summum de son plaisir, elle retomba sur le corps de Dylan qui la tint serrée contre elle.


*


Dylan la laissa doucement reprendre ses esprits.

Elle sentait le coeur de Rachel palpiter contre sa peau. Elle pouvait presque en compter les battements.

Un silence apaisant les entourait, à peine troublé par le murmure de la ville. Les habituelles sirènes des ambulances et des voitures de Police déchiraient le rideau de la nuit.

De longues minutes s’écoulèrent tandis que les amantes restaient immobiles. Puis Rachel soupira. - À quoi penses-tu Dylan ?

- Je pensais que la vie est incroyable... Qu’aucun romancier au monde n’a suffisamment de talent pour la décrire...

- Nous venons de faire l’amour... et c’est à ça que tu penses ??.. À la littérature...

- Je pensais aux circonstances de notre rencontre... À la mort de ces quatre femmes... Je pense que le destin aurait pu faire les choses plus simplement... Moins brutalement... Nous aurions pu nous croiser à Central Park, par exemple. J’aurais immédiatement rebroussé chemin pour te suivre...

- Et si je n’avais pas été seule à Central Park ?? Qu’aurais-tu fait ???

- J’aurais essayé d’attirer ton attention... 

- Comment ?

- Je me serais roulée à tes pieds... J’aurais cueilli toutes les fleurs pour te les offrir !!!

Rachel se mit à rire - C’est très excessif !!! Je me serais dit «Qui est cette folle furieuse !!!» et j’aurais battu le record du monde du cent mètres dans le parc...

- Je t’aurais couru après !!! Mais pour reprendre une conversation plus sérieuse... Je pensais aussi à toi...

- C’est gentil ça... Mais je ne suis pas vraiment étonnée... Et à quoi pensais-tu, plus précisément ??? répondit Rachel en caressant le ventre de Dylan.

- Je me demandais... Mais Dylan n’alla pas au bout de sa phrase.

- Oui ?... Continue...

- Je me demandais... si tu couchais souvent avec tes clientes...

La main de Rachel s’interrompit. La jeune femme se redressa et regarda Dylan droit dans les yeux. - Comme tu es romantique après l’amour !! Mais je présume que j’ai encore de la chance !! Tu pourrais t’endormir ou, pire, fumer une cigarette et regarder la fumée monter au plafond !! Mais, je vais te répondre... Bien sûr !! Naturellement !! À chaque fois que je gagne un procès !!! J’exige qu’elles me payent des honoraires en nature !!!

- C’est... C’est vrai ?? articula une Dylan horrifiée.

- Mais oui... Tu ne le savais pas ?? Nous autres, avocats, nous nous payons «sur la bête» !!! Surtout quand la bête est jeune et jolie... Tous les avocats font ça !!! C’est l’un des charmes du métier... Toutes ces pauvres femmes, perdues, désemparées... Après, elles ne veulent plus qu’une chose... Nous prouver leur reconnaissance... Comme toi ce soir...

- C’est faux !!! Je ne veux pas te «prouver ma reconnaissance» comme tu dis. Je te désire et...

- Et ?... Tu ne finis jamais tes phrases...

- Je t’aime...

- Tu m’aimes ?... Vraiment ?? Etrange façon de me le prouver... En me disant que je suis une sorte de mante religieuse qui profite du désarroi de pauvres filles pour se les «taper» !!

- Pardon !!! Excuse-moi !! C’est stupide de ma part... Mais je crois que je suis un peu jalouse... Je l’étais déjà de Marty !! Alors...

Rachel s’étrangla - Marty !!! C’est comme un grand frère pour moi... Et puis, il n’a pas vraiment un physique de séducteur...

- Il y a des femmes qui aiment ce genre d’hommes...

- Il y en a au moins une !! La sienne !!

- Et toi ?

- Quoi moi ??? Si j’aime Marty ??? Il est adorable mais vraiment, même si j’étais hétéro...

- Ce n’est pas ce que je te demande... Est-ce que tu m’aimes... Moi... répondit Dylan.

- Nous y voilà !... Tu mériterais que je te dises «non» !!! Mais je crois que c’est... oui. J’en suis même certaine... Oui, j’en suis certai...


*


Mais Dylan, ne la laissa pas finir sa phrase qu’elle étouffa sous un baiser.

La saisissant par la taille, elle la serra contre elle. Puis, se levant du fauteuil, elle se dirigea, titubante, vers le lit.

Rachel avait noué ses jambes autour de ses reins, ses bras autour de son cou. Elle les dénoua quand elle sentit que son dos touchait les oreillers.

Elle resta couchée. Elle attendait.

Dylan posa sa main sur sa chaleur. Les caresses de ses doigts suivant les lèvres humides, le clitoris tendu.

Rachel appuya son sexe contre sa main et écarta les cuisses.

Alors Dylan obéit à cet ordre muet et posa ses lèvres sur cette intimité offerte à sa faim.

Rachel gémit et rejeta la tête en arrière.

Elle plongea les doigts dans les courts cheveux bruns et les saisit à pleines mains. Maintenant Dylan entre ses jambes, elle la guida vers la source de son plaisir.

Sa langue agaçait son sexe. Ses mains caressaient ses cuisses.

Rachel tenta de retenir son orgasme afin de jouir, le plus longtemps possible, des caresses de la langue et des lèvres de son amante.

Mais, elle ne pouvait pas résister au plaisir qui la dévastait. Alors, dans un dernier frémissement, elle s’abandonna à sa jouissance.


*


Le soleil se levait sur New York.

Peu à peu, il pénétra dans la chambre et ses longs doigts vinrent effleurer la couche où Rachel dormait encore.

Bientôt, le chaud baiser du soleil la tira de son sommeil.

Par automatisme, elle posa sa main sur le lit à côté d’elle. Mais la place était vide. Elle était seule...

Elle cligna des yeux pour tenter de voir au travers de la lumière éblouissante.

Une ombre était là, devant elle.

- Dylan ??? Tu es déjà debout ?.. Je ne te savais pas si matinale... Surtout quand tu es au lit avec ta maîtresse...

La jeune femme contourna le lit et vint s’asseoir près d’elle. Un sourire moqueur flottait sur ses lèvres.

Rachel s’exclama - Tu es déjà habillée !.. Je présume que ce n’est pas pour aller acheter du pain frais pour le petit déjeuner...

- Non. En effet... Ce n’est pas pour aller chercher du pain frais...

- Pourquoi alors ???

- Je vais partir dans quelques minutes... Mais avant je voudrais te laisser un petit souvenir...

- Tu vas partir ??? Mais j’avais cru comprendre que... Enfin que tu...

- Oui ??? Que je... ??? C’est toi qui ne finis plus tes phrases, on dirait...

- J’avais cru comprendre... que tu avais envie de rester avec moi... Que tu m’aimais... C’est ce que tu m’as dit... Cette nuit...

- C’est fou ce que certaines femmes aiment qu’on soit amoureuse d’elles !!! Et qu’on le leur dise !!! Elles sont tout de suite plus... comment dire ??? Plus coopératives !!! ricana Dylan.

- Plus coopératives ??? Que veux-tu dire ??

- Il suffit que je prenne un air de chien battu et amoureux, et vous m’ouvrez votre lit... Voilà ce que je veux dire...

- Dylan !! C’est horrible et cynique !!! Tu veux dire... que tu m’as menti quand tu me disais que tu m’aimais ???

- Bravo !! Tu as enfin compris !! Je sais que c’est difficile à croire !!! Comment ne pas tomber amoureuse d’une fille aussi magnifique que toi... La superbe Rachel Peabody !!! La talentueuse Maître Rachel Peabody !! Mais voilà !!! Moi, je suis comme ça !! Je désire. Je fais l’amour. Mais je n’aime pas...

Pourquoi le prétendre alors ???

- Je te l’ai dit... C’est plus facile pour arriver à mes fins...

- Tes fins ??? Quelles fins ???

- Susciter votre désir... Gagner votre confiance... Entrer dans votre intimité... Je reconnais que ça a été plus difficile avec toi... qu’avec les autres... Il a même fallu que j’entre chez toi par la fenêtre... Oui. C’était bien plus simple avec les autres...

- Les autres ??? Quelles autres ???

- Mais... tu le sais bien voyons... Je vois à ton regard que tu as deviné... C’était plus simple avec... Dana, Beth, Kim et Helena...


*


Le silence s’était abattu.

Rachel avait la gorge sèche tout à coup.

Elle répéta mécaniquement - Dana, Beth, Kim et Helena... Tu ne veux pas dire que c’est... toi qui les a tuées... Ce n’est pas possible... Ce n’est pas vrai... Ils ont arrêté le tueur... le tueur aux glaçons...

- Il n’y a jamais eu de «tueur aux glaçons» Rachel... Tu as imaginé cette histoire pour me sauver. Et un pauvre imbécile, qui a lu les journaux, y a cru. Il a voulu copier ce qu’il croyait être une façon de tuer... Comment appelle-t-on ça dans le jargon de la Police ?... Ah oui !!! Un copycat... C’est bien ça ??? Tibbs avait raison... Et... tu avais tort...

- Dylan... Non... Tu te moques de moi... Je te crois pas... C’est pas possible... C’est pas vrai...

Dylan se mit à rire - Je vois que tu oublies ta syntaxe !!! C’est à ça que je vois que tu paniques... Et tu as raison de paniquer... Comme je t’aime bien malgré tout... Je te promets une chose... Tu ne vas pas souffrir... Le coup que je vais te donner va te briser l’os temporal et provoquer une hémorragie cérébrale. Mais tu ne sentiras rien. Ce sera comme si tu t’endormais...

- Dylan... Non !!! Je t’en supplie !!! Je t’ai aidée !!! Je t’ai sauvée !!!

- Tu as eu tort. Et puis tu me l’as souvent dit : tu n’as fait que ton métier !! Un acquittement, pour un avocat, c’est comme une médaille d’or !!

- Dylan !!! Non !! Pitié !! Je t’en supplie !! Je suis prête à  oublier ce que tu viens de me dire !! Je ne te dénoncerai pas !!

- Je ne te crois pas !! Tu aimes trop la Justice pour ne pas me trahir un jour...

- Dylan !! Je t’aime !!! Je ferai tout ce que tu voudras !!! Je veux vivre !!! Laisse-moi vivre !!!

- Ça suffit !! C’est inutile !! Je suis une tueuse psychopathe !! Tu as oublié ??? Je ne suis pas sensible à ce genre d’arguments. Il n’y a rien qui m’intéresse. Sauf le plaisir de tuer...

- Dylan...

- Tais-toi !!!

Tout à coup Dylan se jeta sur Rachel et lui saisit les poignets. D’une seule main, elle les ramena au-dessus de sa tête.

Rachel ne pouvait rien contre sa force. Elle était perdue.

Fixement, elle regarda la main gauche qui se refermait en un poing serré prêt à frapper.

Elle ferma les yeux et se mit à prier.




  Fin  



*


Le mot Fin était toujours inscrit en lettres blanches sur l’écran noir.

Rachel s’empara de la télécommande et éteignit le téléviseur accroché au mur

Elle poussa un grand soupir. - Ces scénaristes d’Hollywood !! Ils ne peuvent pas s’empêcher de raconter n’importe quoi pour faire du fric !!! Ils n’ont pas pu résister à l’idée de faire de toi une tueuse psychopathe !!! Quand je pense qu’ils laissent entendre que tu m’aurais tuée d’un coup de poing !!!

- Oui, mais après une nuit d’amour torride... répliqua Dylan en riant.

- Tu parles !!! Ils ne montrent rien !! Tout s’arrête au moment où je m’assieds dans le fauteuil et que tu commences à te déshabiller !!! On aurait mieux fait de vendre notre histoire aux Français !! Eux au moins, ils n’ont pas de ces pudeurs ridicules !! Montrer des amours lesbiennes ne leur fait pas peur !!!

- Reconnais que s’ils avaient montré tout ce que nous avons fait cette nuit-là, à la fréquence où nous l’avons fait, le film aurait été interdit aux moins de trente ans !!! Moi, je trouve qu’il est plutôt fidèle à notre histoire. J’ai tremblé en revivant ma découverte du corps d’Helena.  L’audience préliminaire où nous nous sommes rencontrées, la prison, le procès, l’arrestation du «tueur aux glaçons». Pratiquement tout est exact. À part la fin et deux ou trois petits détails...

- Oui bon d’accord... Mais quand même, ça ne te gêne pas de passer pour un monstre ??? Toi qui es la douceur même ???

- La fin du film n’est pas si claire. Elle laisse planer l’ombre d’un doute... Après tout, le spectateur peut penser qu’il s’agit d’un jeu sado-maso... La réponse de Dylan à Rachel...

- Mmmhh, c’est pas faux...

- Les scénaristes ont modifié d’autres pans de notre histoire... Ainsi, selon eux, ta mère n’a jamais fait de prison... mais a passé le plus clair de son temps à préparer des cookies pour son mari et... leur trois enfants. Quand à Marty... c’est devenu un jeune homme mince et musclé qui t’aime en secret, mais sans  espoir...

- Ça encore, ce n’est rien. C’est la fin que je ne digère pas...

- Une tueuse psychopathe c’est plus commercial...

- Mouais... N’empêche...  Heureusement qu’après le procès nous avons pu multiplier les émissions de radio et de télé pour raconter la vérité... Sans compter le livre que nous avons écrit ensemble...

- Et dont nous avons vendu les droits à un producteur d’Hollywood contre un très, très gros chèque et un pourcentage sur les bénéfices du film... En lui laissant la liberté de broder autour... Tout cet argent t’a permis de créer ton propre cabinet d’avocat...

- Et toi, ta société de transport par hélico...

Dylan soupira à son tour - Je me me demande si nous ne nous sommes pas montrées un peu trop âpres au gain... Tout cet argent... Parfois, ça me met mal à l’aise.

- Dylan... Tu n’es pas allée chercher les producteurs de cinéma ou de télé, les éditeurs de livres... C’est eux qui ont fait le siège de la maison pour nous faire signer des contrats... Tu n’as rien demandé... Et puis c’est le prix de ta souffrance... Tu as fait deux jours de garde à vue... Tu as fait de la prison. Ta vie a été étalée dans les journaux au moment du procès... Tu as failli être condamnée à perpétuité... Cet argent, c’est un dédommagement amplement mérité... D’ailleurs, j’ai appris que le “tueur aux glaçons” avait lui aussi signé avec Hollywood... Alors, tu aurais été bien bête de te gêner...

- Tu as sans doute raison...

- Oui, j’ai raison... Tu crois que ça les gêne, eux, de faire du fric avec tes souffrances ??? Et tu devrais être la seule à avoir des scrupules ?? Toutes les actrices d’Hollywood se sont battues pour jouer dans ce film... D’ailleurs, Anne Hathaway n’est absolument pas l’actrice qu’il fallait pour jouer ton rôle...

- Tu trouves ?? Oui... Peut être... C’est vrai qu’elle fait un peu brindille. On l’imagine mal en militaire qui peut tuer d’un seul coup de poing... Par contre, je trouve que Natalie Portman est vraiment craquante dans le rôle de Maître Peabody... susurra Dylan avec une nuance de moquerie. Tu ne trouves pas ??

- Non !! Je ne trouve pas !! Maintenant, si tu préfères les anorexiques...

- Anorexique ??? Tu es sûre que tu n’exagère pas un peu ?... Je trouve qu’elle a ce qu’il faut, là où il faut...

- Aah non, je t’en prie... Ne parle pas comme un mec qui vient de vider douze canettes de bière !!!

Dylan avait le plus grand mal à retenir un fou rire. - Rachel, voyons... Pourtant, tu adores  quand je me laisse aller... Bon... en résumé, il n’y a rien dans ce film qui trouve grâce à tes yeux ??? À part le gros tas d’argent qu’il va nous rapporter ??

- Si. Deux choses !!! Ils ont repris le titre de notre livre. Delete.

- Exact !!! répliqua Dylan. Très bon titre d’ailleurs... Une allusion aux meurtres mais également au soleil qui avait effacé les projectiles... Et quoi d’autre ??

- Le fauteuil !!! Lui, il est parfait dans son rôle !!!

- C’est vrai. Il est merveilleux de naturel. Et quel acteur !! Il crève l’écran !!!

- D’ailleurs, en parlant de lui, il me vient une idée...

Rachel s’empara de nouveau de la télécommande. En appuyant sur un bouton, elle fit doucement descendre l’affiche lacérée du film Casablanca qui vint se placer devant le mince téléviseur coréen pour le dissimuler...

- Je crains le pire... murmura Dylan. Je sens que nous allons encore faire rougir Bogart et Bergman... Tu ne crois pas qu’on devrait leur bander les yeux ?..

- Ils en verront encore d’autres...

Puis après s’être débarrassée de la télécommande, Rachel se lova encore plus étroitement contre le corps de Dylan.

La jeune femme la laissa faire. Elle avait passé un bras autour de ses reins pour la serrer contre elle.

Rachel déboutonna son jean et glissa une main sous le tissu.

Elle sourit quand elle vit Dylan chavirer sous la tendre attaque et basculer la tête entre les deux seins du fauteuil rouge.



Fin



69 commentaires:

  1. Bonjour Gustave.

    Voilà je me suis jetée comme une morte de faim sur ton récit espérant deviner
    la mystérieuse trouvaille de Rachel et je reste... sur ma faim....

    Je suis en revanche toujours sur le grill. Arffff..Merci quand même: 7 jours à attendre et encore je suis optimiste.
    Et puis Marty m'agace un peu, un peu trop sceptique et cynique à mon goût.

    Bon dimanche.

    Béa.

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    1. Bonjour Béa,

      La mystérieuse trouvaille de Rachel restera mystérieuse jusqu'au moment où... elle ne le sera plus !! (rires)

      Le cynisme de Marty est indispensable. Tout le monde ne peut pas tomber sous le charme de Dylan. Et puis il y a une petite rivalité entre eux.

      Bonne lecture.

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  2. Les lecteurs ne sont pas seuls à trépigner d'impatience : Marty n'est pas non plus dans le secret. Stratégie habile, mais risquée. Cela doit être difficile pour Rachel de ne pas partager sa découverte et de ne pouvoir demander un avis.

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    1. Bonjour Oscar,

      Pour moi aussi c'est très difficile de ne pas partager ma découverte et de ne pas pouvoir demander un avis !!! (rires)

      J'espère que mon idée ne paraîtra pas trop tirée par les cheveux !!! (rires)

      Encore un peu de patience !!

      Bonne lecture.

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  3. "American Psycho"? Non, Dylan n'est pas une serial killeuse; Je préfère le scénario de "Douze hommes en colère".

    Cependant, j'ai la nette impression que ce sera Rachel qui tirera Dylan de ce mauvais pas, ainsi les jurés voteront son acquittement. Cela n'est que supposition....car j'attends toujours l'idée lumineuse de Rachel!!!

    Bon....patience est le maître mot.

    Merci.

    Béa.

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    1. Bonjour Béa,

      Douze homme en colère. J'adore ce film !!

      Je le reconnais : je m'en suis un peu inspirée (rires)

      Encore bravo de l'avoir deviné.

      Merci à toi.

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  4. Quel suspense ! La tension de Dylan est palpable. Et Gustave, particulièrement bien documenté, nous fait partager chaque étape de l'audience. La prochaine risque fort d'être accablante pour Dylan.

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    1. Bonjour Oscar,

      Je suis très bien documentée. Les meilleurs films et séries américains (rires)

      Plus dure sera la chute.

      Bonne journée.

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  5. Passionnant ! L'exposé liminaire de Rachel est très convaincant et elle a habilement mis en évidence les faiblesses de la théorie du psychiatre. Jusqu'à présent, l'accusation n'a pas marqué un point.

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  6. (re) Bonjour Oscar (rires)

    Je suis moins optimiste que toi. Je trouve que l'affaire de Dylan n'est pas si bonne. Mais, pas de panique, Rachel est là.

    Merci encore.

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  7. Ce n'est plus un tribunal mais un ring!

    Rachel a mis KO le psychiatre. Un profiler aurait les cheveux droits sur la tête devant tant d'exceptions.

    Je suis sur le...derrière...ma foi, on se croirait dans un tribunal américain, ils ne coupent pas les hommes en deux certes ils préfèrent les "griller" ou bien le "létaliser".

    Bon, maintenant TIBBS va passer à la casserole itou, un chicken wings j'en suis certaine.

    Merci.

    Béa.




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    1. Bonjour Béa,

      Tiens !! C'est une idée !! Mon prochain récit va se passer dans le milieu de la boxe !! Rachel sera une championne !! Mais elle aura le nez un peu cassé et les oreilles en "chou-fleur" !! J'imagine d'ici les photomontages !!! (rires) Mais non. Je blague !!

      Et oui, c'est au tour du Lieutenant Virgil Tibbs !! Un big Mac au poulet avec plein de salade dedans !!

      Merci à toi.

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  8. L'habileté des questions de Rachel met en évidence la faiblesse de l'accusation et suscite un doute raisonnable quant à la culpabilité de Dylan. Mais encore un peu de patience : elle n'a pas encore dévoilé sa carte maîtresse.

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    1. Bonjour Oscar,

      Voilà c'est fait !! Rachel a abattu sa carte maîtresse !! (rires)

      Bon, j'espère que ce n'est pas trop tiré par les cheveux !!!

      Mais ce n'est que de la fiction... Alors, on a le droit de tordre le bras à la vérité et au réalisme (rires)

      Bon dimanche et encore merci.

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  9. Bonjour Gustave!

    Pour revenir à ton commentaire j'ai adoré Million Dollar Baby, alors pourquoi pas le milieu de la boxe! Je plaisante...

    Je te trouve très poétique en cette fin de récit, "whitecloud" comme c'est mignon.En revanche espérons que le ciel de Dylan sera, lui, sans nuage.

    Arff je me suis trompée, j'imaginais le tueur en série, genre Batman, tuant ses proies avec un boomerang et fuyant dans une batmobile...mais... je m'égare.

    Le tueur aux glaçons, ça c'est original! Un barman fou peut-être...

    Rachel a retourné le lieutenant comme une crêpe, il en est resté tout glacé.

    BRAVO!

    Béa.

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    1. Bonjour Béa,

      Merci d’être toujours auusi bon public !!

      Moi aussi j’ai adoré ce film. Mais je ne vais pas m’en inspirer. Car l’héroïne meurt à la fin. Et moi, je veux des héroïnes bien vivantes !!! (rires)

      Bravo aussi pour ton imagination !! Moi qui trouvais que mon histoire de glaçons était un peu trop tirée par les cheveux, je suis battue par KO. (encore la boxe !!)

      Mais non. Nous ne sommes pas encore arrivés à la fin de mon récit.

      Il y a un S à verdicts. Ce n’est pas pour rien !!! Il y va y avoir de l’orage dans l’air !!!

      Merci encore.

      Bonne journée.

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  10. Quel coup de théâtre ! L'exemple même du crime parfait ! Je connaissais le gigot congelé mis au four pour être mangé après avoir servi à estourbir un gêneur. L'arme du crime disparaît après usage. C'est très ingénieux.

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    1. Bonjour Oscar,

      Quelle bonne idée !!! A la place d’un glaçon, le tueur aurait dû lui envoyer des croissants surgelés. Après tout, Helena préparait le petit déjeuner.

      La Police n’y aurait vu que du feu !!

      Merci encore.

      Bonne journée

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  11. Bonjour Gustave!

    Je constate que tu as assassiné itou la moitié des l Wordiennes; Beth, Kim.... Mais cela ne me dérange pas car tu as fait 'vivre" mon couple préféré. Elles vont maintenant se retrouver.

    Merci à toi, ce fut un réel plaisir de suivre tes récits.

    Béa

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    1. Bonjour Béa.

      Et encore, je me suis retenue. Je n'ai pas occis Tina et Alice.

      Se retrouver ?? Peut-être...

      Merci. Mais c'est un plaisir d'écrire pour mes lecteurs.

      Bonne journée.

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  12. Je crois que Dylan et Rachel n'étaient pas seules à appréhender le verdict. Le récit d'aujourd'hui se termine sur un acquittement, mais laisse toutefois en suspens une autre question : qui est le tueur aux glaçons ?

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    1. Bonjour Oscar.

      Voilà une question qu'elle est bonne !! (rires) Qui est le tueur aux glaçons ??

      Bonne journée.

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  13. En voilà un rebondissement inattendu ! Bravo, Gustave, de ne pas avoir cédé à la facilité du happy end et de relancer le mystère.

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    1. Bonjour Oscar,

      J'aime beaucoup ce récit. Et puis aussi,je n'ai pas beaucoup d''autre idée de rencontre en ce moment. Alors, je ne vais pas abandonner Rachel et Dylan si vite (rires)

      Merci. Bonne journée.

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  14. Bonjour!

    Quelle bonne surprise, encore des rebondissements, un peu comme des balles de....ping-pong!

    Tu aimes les coups de théâtre Gustave.Voilà que Rachel passe du statut de protectrice de la veuve et de l'orphelin à une potentielle tueuse en série. Heureuse que Dylan retrouve foi en Rachel, la tenue légère de cette dernière aide peut-être à la convaincre de son innocence ...???

    Rachel a un excellent goût en matière de mobilier et de ...femme.

    Merci.

    Béa.

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    1. Bonjour Béa,

      Ce n'est pas parce qu'on a des balles de ping pong dans son congélateur qu'on est un tueur en série. Sinon, il faudrait m'arrêter tout de suite !!! (rires)

      Et oui, j'ai fait comme Rachel !! Je voulais savoir comment fabriquer ce genre de projectiles alors j'ai fait comme elle (rires) Il faudrait maintenant que je me prépare un cocktail. Ce serait dommage de gâcher de si jolis glaçons !!!

      Bon dimanche et merci.

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  15. Voilà un suspense tout hitchcockien ! Cet épisode fait froid dans le dos ! Heureusement que dans un élan de pitié pour ses lecteurs, Gustave a dénoué la tension en fin de récit. Mais je serais bien étonnée qu'il s'agisse là du dernier rebondissement.

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    1. Merci. Merci. La comparaison avec le grand Hitchcock me fait infiniment plaisir.

      Mais je suis désolée. Je suis encore sans pitié. Puisque je crée encore de la tension a la fin de mon récit.

      J'espère que mes lecteurs ne m'en voudront pas trop et qu'il reviendront dimanche prochain.

      En attendant, bon dimanche et merci encore.

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  16. BONJOUR! (genre remontée comme une horloge)

    What? C'est quoi ce coup de Trafalgar?????

    Mademoiselle Gustave serait-elle tombée sur la tête??? Une indigestion d'huitres peut-être???

    Ainsi tu trucides Dylan à tes heures perdues.... Bon je ne le crois pas...Tout de même, Dylan va avoir une belle bosse, et comme j'aime dramatiser , peut-être un traumatisme crânien!!!! En prime, une belle frayeur pour Rachel!

    Bravo!

    Merci tout de même (rires). Je ne m'ennuie pas.

    Béa.

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    1. Bonjour Béa,

      Puisque tu as lu ma suite d'hier, tu sais à présent que ce n'est pas moi qui suis tombée sur la tête (rires)

      Pour le reste, bosse et frayeur, tu avais tout deviné !!! Bon d'un autre côté ce n'était pas trop difficile (rires)

      Bonne lecture et bonne soirée.

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  17. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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    1. Je ne me suis pas censurée. J'ai simplement déplacé ma réponse à Oscar.

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  18. Voilà un rebondissement pour le moins inattendu, qui devrait cependant dissiper les soupçons de Rachel et on peut imaginer que Dylan s'en sortira pour ne pas priver les fidèles lecteurs d'un happy end.

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    1. Bonjour Oscar,

      Et oui, je suis une indécrottable romantique. Alors, il est possible, mais pas certain, qu'il y ait un happy end !!! (rires)

      En tout cas, Dylan, est définitivement innocentée. C'est déjà ça !!!

      Bonne lecture et bonne soirée.

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  19. J'avais vu juste et le happy end sera certainement pour la prochaine fois. Mais Gustave a ménagé le suspense jusqu'à ce que le lieutenant Tibbs précise que le tueur avait été arrêté. On pouvait, en effet, craindre que Rachel soit suspectée.

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    1. Bonjour Oscar,

      Tu avais vu juste en effet. Mais je n’aurais jamais eu la force de tuer Dylan. Et pas seulement parce qu’elle sait se défendre !!! (rires)

      Le Happy end n’est pas encore pour la semaine prochaine. Mais, il est pour... bientôt !!! Peut-être (rires)

      Merci encore et bonne journée.`

      :113: :113:

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  20. Bonjour!

    Tu sais rebondir sur l'actualité. Un tueur passionné d'armes, cela me rappelle de récents tragiques événements aux USA.

    Rachel se transforme en aspirine géante et pas en...glaçon. Je crois même qu'elle se consume d'amour pour Dylan. Est-ce réciproque? Tic tac tic tac.....Euhhhh....OUI!

    Merci.

    Béa.

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    1. Bonjour Béa,

      Les Etats Unis, c’est une mine inépuisable d’intrigues... Notamment policières, hélas...

      Et alors que je t’écris, j’entends à la radio le récit des dernières découvertes sur les prisonnières de Cleveland. Mais la vieille Europe n’est pas en reste. Hélas aussi.

      Rachel en aspirine géante ??? J’essaie d’imaginer la chose !!! Elle pourrait participer à la caravane publicitaire du Tour de France !!!

      Merci et bonne journée.

      :113: :113:

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  21. Bonjour Gustave,

    Bientôt la fin de ton récit et tu l'as concocté d'une main de maitre. En parlant de maître...Je rebondis comme un ballon de basket! DONG DONG ET DING.... Elle passe de maître Peabody à MAITRE, et elle a une "esclave" de choix en la personne de Dylan...Esclave on ne peut plus consentante...

    Serial killer, sado-masochisme, nous sommes vraiment à L.A.

    Merci.

    Béa lectrice....Béate

    PS:Je cesse de m'enflammer, après tout Rachel veut peut-être avoir l'opinion de Dylan sur la déco de la chambre.

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    1. Bonjour Béa,

      Non, nous ne sommes pas à Los Angeles mais à... New York, New York !!! La ville qui ne dort jamais !!! Ça tombe bien !!! (rires)

      Comment as-tu deviné ??? Mais oui. bien sûr Rachel et Dylan vont parler décoration !!! (rires)

      Merci encore et bonne journée.

      :121:

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  22. Oscar on line6 mai 2013 à 22:57


    Rachel s'est enfin dévoilée, mais nous devrons patienter avant d'en savoir plus...

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    1. Bonjour Oscar,

      Rachel s’est dévoilée ???

      Pas encore !!! (rires)

      Bonne journée.

      :121:

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  23. Bonjour Gustave,
    Que vois-je? Aurai-je été bernée????Elles ne parlent pas déco?????
    Merci! Oufffff....
    Rachel est en mode Souchon "j'veux du cuir...." et Dylan en mode Gainsbourg "L'eau à la bouche" mais à n'en point douter que ces deux là vont trouver un accord....parfait....Tout comme l'est cette suite.
    Joli photomontage de "Casablanca".

    Merci et merci.

    Béa.

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    Réponses
    1. Bonjour Béa, :59:

      Et non ! Elles ne parlent pas déco !! (rires)

      Mais quand j’ai vu ce fauteuil dans un livre de design, mon imagination, extrêmement mal tournée, l’a immédiatement associé à une scène... érotico-déco !!! (rires)

      Quant à la chanson de Gainsbourg, c’est l’une de mes préférées !!! Bravo de l’avoir deviné !! :4:

      Bonne journée et à bientôt. :10:

      Gustave :38:

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  24. Vive la suite et quel beau fauteuil !!!!!
    Laurence

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    1. Bonjour laurence, :59:

      La suite arrive... La suite arrive...

      Si mon ordinateur ne me joue pas des tours... :28:

      À moins que ce ne soit internet. Ou mon imagination... (rires)

      Bonne journée et à bientôt. :10:

      Gustave :38:

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  25. Quel fauteuil !!! Je veux le même !!!

    Dis-moi où on peut le trouver. Je l'achète tout de suite !!!

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    Réponses
    1. Bonjour Oscar, :59:

      Je vois que le fauteuil rouge a beaucoup de succès. Mérité, il faut bien le dire... :23:

      Je crois que je vais passer de la publication de récits à la vente en ligne de fauteuils Up5. Trop heureuse d’avoir trouver une nouvelle activité !!! :85:

      Bonne journée et à bientôt. :10:

      Gustave :38:

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  26. Bonjour Gustave!

    Mais elles parlent!!! Ces deux jeunes femmes savent décidément tout faire....

    L'heure est aux confidences, une petite pause bien méritée. Ce fauteuil est multifonction, lit et causeuse en même temps, on n'arrête pas le progrès!

    Très mignons les émoticônes; surtout celui qui bondit. Bref une Gustave survoltée bondissant de suite en suite.

    Merci.

    Béa.

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    Réponses
    1. Bonjour Béa, :59:

      Il paraît que ce fauteuil est super aussi pour regarder la télé !!!

      Une idée pour une suite future peut-être (rires) :107: Rachel et Dylan se disputant la télécommande et zappant d’une chaîne à l’autre...

      Merci pour les smileys. J’avoue que je les adore. Alors, rien que pour le plaisir, voici encore une Gustave survoltée et bondissante :85:

      Bonne soirée. Et à bientôt :10:

      Gustave :38:

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  27. Bonjour Gustave!

    Elles continuent de se découvrir dans tous les sens du terme....

    Et elles se promettent déjà un amour absolu. C'est trop chou.
    J'adore le discours de Rachel, sa façon de revendiquer sa féminité. Excellent.

    Bref je me prosterne devant ton talent!

    Merci.

    Béa.



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    Réponses
    1. Bonjour Béa, :59:

      Je trouve que ce couple est très beau parce qu'il est complémentaire. :95: :95:

      Elles ont traversé une telle épreuve qu'il est évident que leur amour ne peut pas être tiède.

      Moi aussi je me prosterne. Devant ta rapidité à commenter mes petits récits. :44:

      Merci encore.

      A bientôt :10:

      Gustave :38:

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  28. C'est bien Maître Peabody se découvre un peu, je languis la suite pour savoir si elle va oser se dévoiler complètement.. Encore merci pour tes récits toujours aussi remplis de surprise!!

    Laurence

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    Réponses
    1. Bonjour Laurence :59:

      Tu trouves que Rachel ne s’est pas suffisamment dévoilée ??? Mais, elle est toute nue !!! :12:

      Ce qui provoque chez moi des réactions... Comment dire ?.. Enthousiastes !!! :85:

      Mais je comprends très bien ce que tu veux dire. Sa confession va-t-elle durer ???

      Ce qui est certain, c’est que cette scène, elle, n’est pas terminée. Pas encore... D’où mon enthousiasme qui redouble encore !!! :85: :85:

      Bonne soirée et à bientôt. :10:

      Gustave :38:

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    2. Bonjour Laurence :59:

      Tu trouves que Rachel ne s’est pas suffisamment dévoilée ??? Mais, elle est toute nue !!! :12:

      Ce qui provoque chez moi des réactions... Comment dire ?.. Enthousiastes !!! :85:

      Mais je comprends très bien ce que tu veux dire. Sa confession va-t-elle durer ???

      Ce qui est certain, c’est que cette scène, elle, n’est pas terminée. Pas encore... D’où mon enthousiasme qui redouble encore !!! :85: :85:

      Bonne soirée et à bientôt. :10:

      Gustave :38:

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  29. Heureusement pour nous, lecteurs, que tu n'es pas passé à la vente de fauteuils Up5, Gustave. Attends encore un peu avant de te reconvertir dans une nouvelle activité. Et merci d'égayer tes réponses de ces drôles de petits bonshommes.

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    Réponses
    1. Bonjour Oscar :59:

      La vente de fauteuils Donna fait son chemin !!!

      Je suis en train de faire une étude de marché !!! Et je crois que je lui ai trouvé un usage très porteur qui devrait booster les ventes et attirer une foule d’acheteurs !!! :31:

      Merci encore. Bonne journée.

      À bientôt. :10:

      Gus :38:

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  30. Alors là, Gustave, j'en reste sans voix. Après les rebondissements de ce récit, on aurait pu s'attendre à un happy end, mais nous voilà privés d'une fin trop convenue au profit d'un coup de théâtre. Bravo pour l'effet de surprise et la maîtrise de l'intrigue policière!

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    1. Bonjour Oscar :59:

      Je suis désolée mais ma «Fin» n’était qu’une «fausse sortie». Une astuce d’écriture.

      J’aime trop le personnage de Rachel pour le tuer, surtout sous les coups de Dylan. J’aime trop ce couple pour en faire un couple d’amantes terribles.

      Peut être un jour. Mais pour le moment je ne le peux pas.

      Bonne lecture et à bientôt. :10:

      Gustave :38:

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  31. Bonjour!

    Dylan "Bundy" H.Très originale cette fin et Rachel qui prie avant de rendre son dernier souffle...très américain.

    Je m'attendais à une fin plan plan et c'est une fin pan-pan.

    Je crois que je vais de ce pas décongeler mon bac à glaçons, adieu cornets à la pistache et sans pistache...Adieu Rachel.... (sanglots)....

    Adieu Dylan je t'aimais bien tu sais...dans le genre Brel...

    Sur ce je vais manger une glace: faut pas gâcher.

    Merci.

    Béa.

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    Réponses
    1. Bonjour Béa :59:

      Tu aimes tellement mes fins, que je t’en ai offert deux pour le prix d’une. J’espère que tu apprécies ma générosité :4: :4:

      Mais, je vous avais bien dit, dans un précédent commentaire, que le fauteuil Donna était très bien aussi pour regarder la télévision. :23:

      Et que j’avais une idée de suite. Rachel et Dylan se disputant la télécommande.

      Tu peux recommencer à aimer Dylan.

      Bonne lecture et à bientôt. :10:

      Gustave :38:

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  32. Quelle fin!!! Comme quoi il faut toujours faire attention !!!!! Dommage Rachel et Dylan formaient un très beau couple...
    Encore merci pour ce très joli récit et j'espère à bientôt pour une nouvelle aventure....
    Laurence

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    Réponses
    1. Bonjour Laurence :59:

      Moi aussi, je trouve qu’elles forment un très beau couple. Trop beau pour qu’on le massacre. Et puis, il y avait déjà quatre morts. Alors c’était suffisant... :1:

      Pour voir des morts, il y a la télé et le cinéma !!! :67:

      Bonne lecture et à bientôt. :10:

      Gustave :38:

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  33. :7:

    Que tu es ingénieuse et un brin....perverse!
    Mais je manque à tous mes devoirs: Bonjour!
    C'est la fête alors :52: Mon couple préféré n'est pas "delete". Dylan sera toujours Dylan et Rachel toujours aussi merveilleuse.
    Ce fauteuil multi-fonctions il me le faut absolument. C'est un "miracolo fantastico"!
    Merci :10:

    Béa.

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    Réponses
    1. Bonjour Béa, :59:

      Ingénieuse, je veux bien !!! :107:

      Mais pas perverse !!! :63: Non !!

      Je vois que tu as enfin craqué pour les smileys. Ils ont un petit côté Blues Brothers avec leurs lunettes noires !!!

      Bonne soirée. Et encore et toujours, merci :10:

      Gus :38:

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  34. Décidément, Gustave a plus d'un tour dans son sac. Voilà une fin qui peut déboucher sur d'autres aventures, puisque Rachel se sort saine et sauve de cet épisode, qui se termine avec le fameux fauteuil en guest star. Bravo pour ce rebondissement !

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    1. Bonjour Oscar, :59:

      Hélas mon sac n’est pas si profond que ça !!! :9:

      Il faut absolument que j’y trouve une suite pour Little Big Women !!! :37:

      Bonne soirée. Et à bientôt :10:

      Gus :38:

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  35. Quel beau rebondissement!!! Dylan et Rachel avaient réussi à se trouver.. Il aurait été très dommage de séparer un si beau couple...
    J'attends avec impatience ton nouveau récit
    À bientôt pour de nouvelles aventures.
    Laurence

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    1. Bonjour Laurence :59:

      Je partage tout à fait ton avis.

      Dylan et Rachel sont tellement... tout :79: qu’il aurait été dommage de les séparer. Et surtout que l’une tue l’autre !!!

      L’amour à mort, ce n’est pas pour mon blog !!! :3:

      Un nouveau récit ?? J’espère trouver des idées !!! :107:

      À bientôt :10:

      Gus :38:

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